L’Homme nouveau est à l’image du papillon débarassé de sa chrysalide. C’est la condition de l’élu qui s’est dévêtu de la tunique de peau du « vieil homme », symbole de l’ancien état de conscience fondé sur le dualisme inhérent à l’identification de l’ego à un ensemble de conditionnements nuisibles, inutiles et donc répressifs pour l’âme vivante. Libérée de l’emprise aliénante de cette prison mentale, l’âme vivante peut alors entamer sa longue phase de régénération, et manifester toujours davantage la beauté de sa nature, vivre son éveil, son épanouissement. Dans la science alchimique, la mort du vieil homme et la naissance de l’Homme nouveau, est assimilée au passage entre l’œuvre au noir (nigredo) et l’œuvre au blanc (albedo). Cet article a pour objectif d’offrir un aperçu détaillé de cette transition importante, incontournable, sur la Voie spirituelle qui mène à l’Illumination intérieure.

Le titre de cet article a été choisi en référence à l’expression employée par St-Paul dans son Épître aux Éphésiens : « revêtir l’Homme nouveau[1] ». Il s’agit d’une parabole de la restauration d’un potentiel qui n’existe qu’à l’état de germe chez l’homme ignorant, ce « vieil homme » qui doit naturellement mourir à sa condition inférieure pour permettre la restauration de ce germe contenu dans les profondeurs de son être. Pour que cette restauration puisse se produire, cela présuppose donc la mort de l’ancien état de conscience ; c’est une mort initiatique durant laquelle le vieil homme est dépouillé de ses anciens vêtements, afin qu’en lui puisse renaître l’Homme nouveau. Ce dépouillement des anciens vêtements est bien évidemment un symbole de la libération des schémas de fonctionnement mentaux inutiles, des mauvais penchants et de tous les blocages psychocorporels produits et entretenus par l’ego dysfonctionnel, et qui empêchent l’âme vivante de s’éveiller et de rayonner sa véritable nature.

 

La « chute », ou la perte de l’état primordial

Durant les premières années de sa vie, tout être humain vit en unité avec son âme et vit donc une forme d’éveil à sa vraie nature. Puis, avec la formation du mental, un déséquilibre commence à se produire dans sa psyché. Il perd l’état de simplicité propre à la petite enfance, et entre progressivement dans un état de complexité et de richesse mentales qui est l’opposé de la pauvreté de l’esprit propre à cette petite enfance. La connaissance du bien et du mal (dualité) remplace celle du Bien suprême (unité) et une division s’opère entre son esprit individuel (ego) et la vie qui anime son corps. L’individu s’écarte de la voie du juste milieu ; l’attention de son esprit est déviée hors du corps et de l’instant présent dont ce corps lui permet de faire l’expérience, et il s’identifie à des pensées inutiles et, par là, nuisibles. Cette déviation brise l’unité entre la polarité masculine (l’esprit, yang) et la polarité féminine (l’âme et le corps, yin). L’ordre naturel des choses s’inverse et en conséquence de ce renversement, le fluide vital de l’âme, qui pouvait jusque-là être alimenté et entretenu par l’union des polarités complémentaires, commence à se tarir. Ainsi, ce fluide originel de l’âme, hérité à la naissance et contenant en lui une force prodigieuse de croissance et de régénération, s’épuise progressivement jusqu’à l’âge de la maturité[2]. Passé la fleur de l’âge, l’individu entre dans une période de déclin, liée au vieillissement de son être, sur tous les plans. L’énergie vitale prénatale étant désormais épuisée, l’individu, ignorant de cette inversion qui s’est opérée en lui, n’est plus capable de la produire en son sein et, en conséquence, ne peut plus compter que sur une source d’énergie « extérieure », puisée notamment dans l’atmosphère et dans l’alimentation.

Dans l’alchimie, cette phase de dégénérescence est connue comme l’œuvre au noir. C’est l’étape de la « putréfaction », de la « décomposition », que les mystiques chrétiens appelaient la « nuit noire de l’âme ».

Cette étape d’obscurcissement de l’âme est connue également comme la « chute » d’Adam et Ève. S’étant laissés tenter par l’esprit de division, personnifié par Satan, ils acquièrent la faculté de connaître le bien et le mal et donc de faire des choix conscients. L’usage de ce libre-arbitre est une désobéissance aux yeux de Dieu. Cette insoumission à la Volonté divine leur fait perdre la candeur et la pureté de leur état primordial, et la dualité désormais présente dans leur esprit (connaissance du bien et du mal) leur fait vivre un sentiment de peur et de culpabilité. C’est ainsi que l’esprit de division est à l’origine de la perte de l’état primordial-édénique de l’âme vivante, et donc également de sa souffrance et de sa dégénérescence.

La « chute » d’Adam et Ève hors du Jardin d’Éden, est à l’évidence une allégorie de la perte de la simplicité propre à la prime enfance. En effet, avant que son mental ne soit suffisamment formé, le petit enfant ne pense pas, il est pauvre et simple d’esprit[3] ; il éprouve, ressent, et est donc constamment connecté au domaine de la manifestation sensorielle de son âme et du corps qui en définit les limites. Mais dès que le mental est suffisamment formé pour faire des choix conscients, l’enfant peut faire usage de son libre-arbitre et décider de s’opposer à la Volonté divine, qui est l’union des polarités complémentaires nécessaire à l’épanouissement de l’âme vivante. Désormais, l’enfant peut décider consciemment de refuser de ressentir, et se déporter hors de l’axe vertical lumineux qui relie consciemment l’esprit au corps. C’est cette déportation qui lui fait « manquer la cible » (pécher) et qui l’éloigne du juste milieu, celui de l’unité intérieure qui le maintient dans un état de parfait équilibre dans ses polarités masculine et féminine. À partir de là, il vivra le plus souvent en périphérie de cette voie médiane qui le traverse de haut en bas et relie, unifie, tous les plans de son être. En conséquence de cette déviation, la force vitale de l’âme n’est plus alimentée et elle s’affaiblit. Si cette lumière de l’âme n’est plus produite par l’union des polarités complémentaires − masculin-yang et féminin-yin −, un sentiment de « vide » apparaît et, en conséquence, l’ombre survient dans les entrailles de l’être. Cette ombre est en effet ressentie comme un vide, un manque d’amour, et en réaction à cette souffrance existentielle, l’ego élabore des mécanismes de défense destinés à la compenser, la combler, l’étouffer ou la cacher, à sa manière.

Ayant perdu ce sentiment de plénitude qui résultait de son unité intérieure, où l’énergie de l’âme pouvait circuler librement et en abondance, l’individu cherche à le créer artificiellement par diverses stratégies, forcément intéressées dans la mesure où cette recherche est motivée non pas pour servir le bien commun, mais pour échapper à ce sentiment désagréable de vide, en se servant du monde extérieur, et des autres. De même, au lieu de remplir ce vide par la Lumière de son propre esprit, l’individu s’obstine à l’occulter, l’étouffer, l’anesthésier, pour ne plus ressentir l’inconfort qu’il produit. Il se tournera là aussi vers l’extérieur, à la recherche de sources de stimulations, tant mentales que physiques, dont il se rendra dépendant. Ainsi, qu’il fasse le bien ou le mal, que ses intentions soient bonnes ou mauvaises, du moment où il agit par intérêt pour compenser un manque d’amour qui résulte d’une identification à l’esprit de division, c’est le mal qui dévie son attention vers l’extérieur, et l’âme vivante est encore et toujours occultée en arrière-plan.

À l’inverse, si la force vive de l’âme pouvait jaillir librement et s’élever le long de l’axe vertical, c’est la force de l’amour qui motiverait le passage à l’action. Celle-ci serait alors foncièrement désintéressée puisque l’individu, porté par cet élan d’amour intérieur, ne sentirait aucunement le besoin d’agir dans le but de l’obtenir de l’extérieur (nous parlons d’amour, mais aussi du besoin de reconnaissance, de l’estime des autres, de la valorisation, de l’acceptation, etc.). Dans ce second cas de figure, toute action est le prolongement du Bien suprême et l’individu trouve sa joie dans le seul fait de l’accomplir. Cette joie étant éprouvée dans la dynamique de l’action elle-même, elle n’est donc plus conditionnée par l’obtention d’un résultat futur, ce qui rend l’action d’autant plus fluide et détachée.

 

Le difficile aboutissement de l’œuvre au noir

L’action désintéressée et détachée du résultat que nous venons de décrire, est le fait d’un individu qui est déjà engagé sur la voie de l’œuvre au blanc alchimique et qui a donc déjà accompli un certain travail de purification intérieure. Or, avant même de pouvoir commencer cette œuvre de purification intérieure nécessaire pour restaurer le potentiel vital de l’âme, l’individu doit arriver au terme de l’œuvre au noir. C’est une épreuve initiatique difficile par laquelle l’individu doit obligatoirement passer s’il entend pouvoir commencer la transmutation propre à l’œuvre au blanc. Nous disons « difficile », en effet, car ce passage implique l’abandon des mécanismes de fonctionnement nuisibles de l’ego, et en résultante de cet abandon, la réactualisation de la souffrance que ces conditionnements réflexes automatiques occultaient et refoulaient sous le seuil de la conscience. C’est pour cette raison que les anciens alchimistes assimilaient la sortie de la première étape du Grand Œuvre, à une « descente aux enfers ». À ce stade, l’individu a compris qu’il doit renoncer aux stratégies inhibitrices de son ego, pour que le voile se lève et que la Lumière de l’Esprit puisse descendre dans les profondeurs du subconscient pour y mettre en lumière les ombres intérieures de l’âme. Cette compréhension le place face à l’impérative nécessité de triompher des terribles résistances de son esprit de division, qui cherche par toutes les ruses possibles à le dissuader de vivre la transmutation désagréable et déstabilisante des ombres en lumière, ou pour utiliser un vocable alchimique, des vils métaux en or philosophale.

Cet aboutissement de l’œuvre au noir, qui arrive après une longue période d’obscurantisme durant laquelle le potentiel de l’âme vivante a été bridé parce que l’individu s’est perdu dans le monde des illusions propres à la dualité, est également figuré, dans la mythologie grecque, par l’affrontement entre Thésée et le Minotaure. Avant de passer par la porte qui mène au centre du labyrinthe et, de ce fait, entrer dans l’œuvre au blanc alchimique, Thésée doit amorcer sa descente aux enfers et y vaincre son gardien du seuil, symbole des stratégies inhibitrices et des résistances très fortes de son ego. Avant de renaître à sa condition d’Homme nouveau, Thésée doit obligatoirement se défaire de ces voiles, couches, barrières et obstacles intérieurs qui s’opposent à cette renaissance. Il doit accepter la mort initiatique, celle de sa nature inférieure : le vieil homme, l’esprit de division, faux ego dysfonctionnel, rebelle et insoumis à la Volonté divine.

Thésée est aussi Dédale en ce qu’il construit son propre labyrinthe et s’y enferme. Il est chacun de nous solidifiant chaque jour davantage les murs de sa prison dans la mesure où il ne met pas le temps au service de sa quête de libération. Les épreuves viennent-elles ? On en cherche douloureusement l’issue dans les possibilités inhérentes à l’espace de la prison - champ de conscience - alors qu’elles relèvent d’un autre espace et nous sollicitent à pénétrer celui-là dans lequel tout rentrera dans l’ordre. Les épreuves sont ces gardiens du seuil, dévoreurs de celui qui ne veut pas quitter sa prison, de celui qui a peur, et constructeurs de celui qui, lâchant ses prises illusoirement sécurisantes, devient l’Homme et le dieu qu’il était jusque-là en potentiel. Cette prison labyrinthique - champ de conscience - dans lequel nous naviguons pendant la première partie de notre vie, est celle dans les limites de laquelle nous donnons tout pouvoir aux forces extérieures de ce monde et, parmi elles, au plus subtil de ses veaux d’or, le dieu « Hasard » ! » Annick de Souzenelle

Les épreuves qui nous attendent sont nos gardiens du seuil ; ce sont nos peurs, nos résistances, nos refus de renoncer à la tentation d’étouffer, d’anesthésier, d’occulter la souffrance de l’âme vivante. Ces épreuves représentent l’intégralité des mauvais penchants, des conditionnements inutiles, des programmations négatives, auxquelles il va falloir renoncer pour que le processus de transmutation de la souffrance de l’âme puisse enfin s’enclencher. Les « forces extérieures » nous compliquent considérablement la tâche dans cette entreprise. Ce sont toutes les sources de stimulations auxquelles nous sommes exposés au quotidien. Il est en effet d’autant plus difficile de renoncer à la tentation que le monde moderne nous y soumet en permanence ; tout est entrepris, en cette fin de cycle, pour dévier l’attention hors de soi-même, disperser, distraire, dissiper, divertir.

L’homme moderne est devenu un « hédoniste narcissique ». En d’autres termes, il est devenu adepte du plaisir obtenu sans effort et recherché comme une fin en soi, parce qu’il lui apporte une satisfaction facile, rapide, dont il dépend pour échapper aux sentiments beaucoup moins agréables de son âme en souffrance. Les industries, par l’intermédiaire du marketing et de l’image[4], s’appuient sur cette faille inhérente au psychisme humain pour le programmer dans le sens de leurs intérêts (qui sont le plus souvent opposés à l’épanouissement du vivant...). Il suffit de stimuler le cerveau limbique pour déclencher des émotions desquelles l’homme moderne se satisfait et devient dépendant, cherchant à les vivre à chaque fois que ses ombres remontent à la surface, pour les couvrir et ne plus les ressentir. C’est ainsi que l’individu devient un esclave docile, un consommateur idéal qui se laisse aisément influencer par les nouvelles modes. Comme un drogué qui finit par se lasser de sa drogue parce qu’elle ne le stimule plus suffisamment pour atteindre son plaisir compensatoire, il cherche une dose plus forte, dans une spirale infernale qui l’enlise toujours davantage dans la privation de liberté. aucoeurduvivant robot elan sarroÀ cause de son addiction aux stimulations mentales et émotionnelles − davantage qu’aux substances ou moyens qui les lui procurent −, l’individu ressemble à un robot formaté, incapable de s’extraire de la prison des programmations malsaines qu’il a lui-même érigée autour de son âme, comme une structure rigide qui l’asphyxie, le rend malade et dépressif.

Cette agonie vécue par l’homme moderne n’est toutefois pas le fruit du hasard ou de la fatalité. C’est un châtiment qu’il s’est lui-même infligé en refusant de se soumettre à la Volonté divine. L’ego est prompt à s’indigner face aux conditions de vie antinaturelles imposées par la société de consommation, mais la vérité est que l’individu est pleinement responsable de ses choix, qu’il soit conscient ou non de son pouvoir de choisir. Rien, absolument rien n’arrive par hasard. Tout ce qui survient dans la réalité de l’instant présent est la conséquence d’un ensemble de causes dont la source se situe en chaque être humain, chaque microcosme individuel ayant une influence sur le macrocosme.

Si l’humanité est exposée aujourd’hui à de tels problèmes et à de tels défis, c’est bien parce qu’elle a fait le choix, conscient ou non, de faire usage de son libre-arbitre pour s’affranchir des lois divines qui président à l’harmonie, à l’équilibre et à l’ordre parfait. Qui sème le vent, récolte la tempête ! La déviance de l’ego collectif a produit une ombre karmique collective d’une ampleur colossale, et l’écoulement de ce karma de l’humanité ne peut s’accomplir que par la reviviscence de la souffrance[5]. Telle est la loi du karma, impitoyable mais juste. Au regard de ce qui précède, on comprendra qu’il n’est pas non plus question de voir en l’élite pervertie qui tire les ficelles depuis le sommet de la pyramide du pouvoir, le bourreau dont la masse des gens serait les victimes impuissantes, car cela reviendrait à dire que l’individu ne peut rien faire pour sauver son âme. Cette élite perverse ne peut exister à l’extérieur, à la tête du « système », QUE parce que l’esprit de division qu’elle symbolise est présent à l’intérieur de la psyché de la majorité des habitants de cette planète. Cette oligarchie mondiale n’a que le pouvoir que la masse des gens veut bien lui octroyer. Il suffirait que, dans cette masse, une minorité sorte de l’œuvre au noir pour que le « système » en soit bouleversé et qu’il soit obligé de s’aligner sur le nouveau paradigme instauré par la puissante vibration psychique de cette véritable élite.

Pour l’heure, il y a « beaucoup d’appelés, mais peu d’élus[6] », pour les raisons déjà expliquées, à savoir que la libération de ses propres chaînes est douloureuse pour l’ego qui préfère se contenter de la zone de confort que lui offre la prison exigüe de ses illusions. Force est de constater, malheureusement, que la conscience collective ne prend pas le chemin de cette libération. S’il y a certes de plus en plus de voix qui s’élèvent face aux injustices et aux manipulations, et de consciences qui s’ouvrent à la nécessité d’un travail sur soi-même, très rares sont les personnes qui trouvent en elles la force de s’engager sur la voie rédemptrice. À ce propos, nous tenons encore une fois à préciser qu’il ne suffit pas d’être conscient des complots et de s’indigner de la déchéance du monde moderne, pour faire partie des forces actives du changement, tout comme il ne suffit pas d’avoir conscience de la nature spirituelle de l’être humain pour l’incarner réellement[7]. Si la théorie et les connaissances sont utiles, elles ne servent strictement à rien si elles ne sont pas mises en pratique concrètement au quotidien, dans le juste positionnement intérieur. À ce titre, il vaudra toujours mieux suivre sa propre voie dans une vibration de paix et d’amour, que de s’obstiner à combattre le « système » et ceux qui sont dans l’erreur (à tort ou à raison) à partir d’un esprit de division. Avant d’être extérieure, la révolution doit être intérieure. C’est la raison pour laquelle il est impératif que les êtres qui sentent en eux l’élan de se libérer des entraves qui briment le fabuleux potentiel de leur âme, s’engagent avec détermination dans ce processus de purification intérieure.

Le point de non retour ayant été atteint depuis plusieurs années déjà, il ne sera pas possible d’échapper aux événements violents et catastrophiques qui marqueront la toute fin de ce cycle. L’écoulement du karma résiduel de l’humanité passe nécessairement par la réactualisation de la souffrance collective, mais l’inéluctabilité de cette épreuve douloureuse, désormais imminente, ne justifie en rien le fatalisme et la passivité. Les fondations de la Nouvelle terre peuvent d’ores et déjà s’établir en soi-même, et cette préparation passe par la rectification alchimique de l’ensemble des schémas, conditionnements et programmations nuisibles. Ce processus de dépouillement du « vieil homme » rendra d’autant plus aisée la traversée des grands bouleversements extérieurs à venir, et dont on peut déjà percevoir les signes annonciateurs.

 

L’art de la rectification alchimique

L’expression « rectification alchimique » fait allusion à la célèbre formule latine V.I.T.R.I.O.L., dont la traduction habituelle est « visite l’intérieur de la terre, rectifie, et tu trouveras la pierre cachée ». C’est un positionnement intérieur bien particulier, au travers duquel l’esprit individuel (ego) se libère des voiles constitués par l’ensemble des nuisances précitées, pour permettre à la Lumière de l’Esprit (le Soi) de pénétrer la réalité intérieure de l’individualité et y produire une vibration génératrice d’harmonie, d’ordre et d’équilibre.

La rectification alchimique est l’action grâce à laquelle la force de transmutation du Pur esprit peut se refléter dans le corps sous la forme de l’énergie vitale en libre circulation. La rectification est l’acte de dévoilement mental qui rend l’individualité transparente, perméable, à la Lumière de l’Esprit. Pour utiliser une image, nous dirions que cette réflexion de la Lumière de l’Esprit dans le corps (l’intérieur de la terre), est analogue au reflet de la lumière du soleil à la surface d’un plan d’eau parfaitement lisse. Ce reflet parfait est la Lumière de l’Esprit manifestée dans la dimension subtile de l’individualité. C’est l’énergie vitale dans son aspect purificateur, curatif (la pierre cachée). Bien sûr, pour que ce reflet puisse se révéler parfaitement semblable à la source de la lumière, cela implique de libérer l’espace qui les sépare de tous les voiles qui pourraient s’interposer et faire barrage à la lumière, et c’est cette libération qui constitue l’opération de rectification alchimique.

Concrètement, cela consiste à abandonner toutes les identifications mentales et les actions qui peuvent faire obstacle à la Lumière de l’Esprit. Le renoncement dont il s’agit ici consiste donc avant toute chose à supprimer les nuisances, au sens où l’entendait le médecin antique Hippocrate lorsqu’il affirmait : primum non nocere (d’abord, ne pas nuire), pour que la véritable médecine[8], celle de l’âme, puisse se déployer et œuvrer librement. En terme mystique et religieux, cette rectification est toute à la fois une rédemption, une repentance, une conversion et une apocalypse intérieure. Si, comme nous le disions toute à l’heure, les nuisances causées par l’ego dysfonctionnel engendre la « chute » dans le déséquilibre, le désordre et la disharmonie, il est compréhensible que l’abandon des nuisances engendre l’effet inverse : un redressement de ce qui avait été dévié, perverti et endommagé sous l’emprise de l’ego corrompu et désaxé. C’est une rédemption, en effet, dans la mesure où l’individu renonce au péché pour obtenir le salut, c’est-à-dire pour obtenir la transmutation (le rachat) de son karma résiduel (ses ombres). En renonçant au péché, donc à toute pensée ou action inutile et nuisible, il cesse de dévier hors du juste milieu ; il cesse de « manquer la cible » et atteint son centre, et ce réalignement rend possible la transmutation des ombres karmiques ayant résulté du péché. C’est aussi une repentance, au sens littéral du terme, car la rectification implique un « changement de regard » : la réalité intérieure est observée à partir d’un état de conscience supérieur qui transcende le jeu des oppositions. L’ego aligné sur l’axe lumineux de l’Esprit, est équanime. C’est un Bien suprême, une bienveillante neutralité au regard de laquelle la dualité bien-mal cesse d’exister. Nous disions également une conversion, car la rectification implique un « retour vers soi », au cœur du vivant. Dans la simplicité de cet état de conscience, un accueil inconditionnel[9] est offert à tout ce qui se manifeste dans la réalité intérieure (au coeur du vivant).

Même des actes utiles, généreux, courageux, peuvent s’accomplir mécaniquement par le seul jeu des circonstances et de notre « programmation » personnelle. Mais la conversion d’un premier mouvement automatique de refus que ce qui est soit, en adhésion à la réalité du fait, ne peut être qu’un mouvement intérieur conscient. C’était donc, du matin au soir, la succession des événements, plus souvent petits que grands, contrariété, déception, contretemps, non-conformité à mon attente, etc., qui, loin d’être des obstacles à ma vigilance, en devenaient au contraire le support. Ce qui, jusque-là, m’arrachait sans cesse au rappel de soi, était maintenant ce qui m’y ramenait presque sans cesse. » Arnaud Desjardins

aucoeurduvivant caverne elan sarroLa rectification revêt également le sens d’une apocalypse intérieure en cela qu’elle réalise une levée de voile sur ce qui était jusque-là occulté, caché, par les fausses identifications et les mauvais penchants de l’ego dysfonctionnel. Cette révélation intérieure permet à la Lumière de l’Esprit d’atteindre (visiter) les profondeurs du corps (l’intérieur de la terre) et de s’y unir (rectifier), pour y mettre en mouvement (découvrir) la force vitale de transmutation (la pierre cachée).

Pour rendre compte de cette notion de rectification alchimique d’une manière encore plus exhaustive, nous pourrions établir une correspondance avec le sevrage et le jeûne. Le sevrage consiste à se désaccoutumer d’une substance nuisible, toxique, dans le but de rétablir un meilleur équilibre psychique et physiologique, et cela vaut évidemment pour l’ensemble des mauvaises habitudes mentales et physiques. Le jeûne, qu’il soit mental ou physique, poursuit lui aussi le même objectif. Ce n’est pas sans raison s’il occupe une place importante dans les techniques de purification de la plupart des traditions religieuses et ésotériques, au même titre, d’ailleurs, que les pratiques rituelles[10] et les ascèses. Nous pourrions encore ajouter à cette liste la méditation[11] et les arts martiaux internes, qui eux aussi placent celui ou celle qui s’y adonne dans les conditions propices à la rectification alchimique. En somme, toutes les pratiques, techniques et connaissances qui aident à sevrer l’ego de toutes les formes de nuisances qui polluent l’âme vivante, sont au service de la rectification alchimique. Mais sans la volonté ferme et les efforts accomplis pour ne pas céder à la tentation de succomber à l’inertie des mauvais penchants, tous ces moyens ne servent strictement à rien.

À la lecture de ce qui précède, on pourrait facilement penser que la sortie de l’œuvre au noir est difficilement conciliable avec notre mode de vie moderne. Comment, en effet, ne pas se laisser entrer en tentation[12] avec toutes les nuisances qui nous entourent dans ce monde moderne ? On pourrait nous rétorquer qu’il faut bien « vivre avec son temps », et en tenant un tel discours, on pourrait nous reprocher d’être trop extrémistes dans notre approche. Ces remarques ne seraient pas dénuées de bon sens, car la sortie de l’œuvre au noir doit se faire en douceur. Changer trop brutalement de mode de vie en renonçant à toutes les nuisances d’un seul coup, pourrait être extrêmement déstabilisant pour le corps, l’âme et l’esprit, et ce n’est évidemment pas la bonne manière de procéder. La sagesse se situe toujours dans la recherche du juste équilibre qui respecte les capacités de la personne, tout en tenant compte de son interaction avec son environnement directe. Là aussi, il s’agit de trouver le juste milieu, la tempérance. Ni trop, ni trop peu, dans une juste mesure. Par excès d’optimisme ou de confiance, l’individu qui s’élancerait dans sa descente aux enfers personnelle d’une manière trop téméraire, risquerait de déclencher des crises d’élimination extrêmement désagréables, qui pourraient l’ébranler au point de le paralyser sur place. A l’opposé, justifier l’absence d’effort pour s’éviter toute possibilité de vivre la souffrance liée à la transmutation des ombres karmiques, serait tout aussi contre-productif, car l’individu s’installerait dans une zone de confort bien agréable pour son ego rebelle, mais bien involutive pour son âme.

 

L’œuvre au blanc et ses trois Principes

Jésus disait : « soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait[13] », et l’alchimiste Gérard Dorn : « Transformez-vous en Pierre philosophale vivante ». Il s’agit d’une formulation différente pour une même injonction. Nous devons rectifier, nous dépouiller des vieux vêtements pour devenir transparent à la Lumière spirituelle, cette essence philosophale de l’Esprit qui va ainsi pouvoir librement se refléter dans notre réalité intérieure et y produire l’onde vibratoire la plus subtile qui soit : la pierre cachée, force d’amour christique à même de réaliser la transmutation des ombres karmiques en la lumière restaurée de notre état primordial édénique.

Arrivé au terme de l’œuvre au noir, l’ego a été libéré de toutes les mauvaises habitudes, nuisances et autres réflexes conditionnés inutiles qui pouvaient faire obstacle à la Lumière de l’Esprit et donc diviser intérieurement l’individu. Ayant triomphé de ces gardiens du seuil, l’individu est aligné sur l’axe vertical lumineux de l’Esprit, soumis à la Volonté divine. Il s’est dépouillé, débarrassé du superflu et du nuisible. Son ego a retrouvé l’état de pauvreté et de simplicité propres à la prime enfance ; il est redevenu pur, équilibré, aligné sur cette Volonté divine qui est l'amour inconditionnel de l'âme vivante. Il va désormais à l’essentiel et cesse de « manquer la cible ». Peut alors commencer la longue étape de l’œuvre au blanc, celle de la régénération graduelle de l'âme vivante. N'étant plus voilée par les mécanismes d'occultation de l'ego dysfonctionnel, l'âme vivante se libère, couche par couche, de son karma résiduel. C'est une étape de purification intérieure, durant laquelle le subtil est séparé de l'épais (allusion à la célèbre formule de la Table d'Émeraude). Se purifiant, l'âme vivante devient de plus en plus subtile, de plus en plus transparante, permettant à la Lumière de l'Esprit de s'y réfléchir toujours davantage, jusqu'à la restauration pleine et entière de son état primordial, qui la rend « parfaite comme le Père célest est parfait ». C'est l'image de la pierre précieuse taillée, libérée de sa gangue, qui devient un prisme par lequel la Lumière blanche se reflète en d'innombrables couleurs. C'est aussi l'image du reflet du Soleil à la surface d'un plan d'eau, parfaitement identique à la source de sa lumière.

Il faut bien comprendre que cette restauration du potentiel christique de l’âme vivante, ne peut être enclenchée tant et aussi longtemps que l’individu est sous l’emprise de l’esprit de division, c’est-à-dire de l’ego dysfonctionnel, non-maîtrisé, attaché à de mauvaises habitudes. La renaissance de l’âme implique en effet l’effacement du voile d’occultation diabolique qui se jette en travers et brise l’union entre la Lumière de l’Esprit et la dimension la plus dense de l’incarnation, le corps physique. Ces deux dimensions sont les Principes complémentaires, Masculin-yang, Féminin-yin, respectivement l’essence lumineuse et la substance ténébreuse, qui doivent pouvoir librement s’unir l’une à l’autre pour donner naissance au mouvement même de la Vie : l’énergie vitale prénatale, qui constitue cette force d’amour de l’âme à même de guérir, de transmuter, de régénérer, de faire renaître l’individu à sa condition d’Homme nouveau.

Durant la « chute » (œuvre au noir), la Lumière de l’Esprit est déviée par l’ego identifié à de fausses identifications et à de mauvais penchants. L’ego non-maîtrisé, dysfonctionnel, dévie la Lumière de l'Esprit hors du corps, hors du féminin. L’essence-yang se disperse et se perd dans le labyrinthe mental, en périphérie du centre symbolique représenté par le corps et le vivant qui s’y manifeste. Ignoré par l'ego qui n'est plus capable de ressentir, le corps bascule dans un déséquilibre et devient trop yang ; en conséquence, il se rigidifie, se rétracte, se sclérose, s’acidifie. C’est un renversement de l’ordre naturel des choses, diabolique, qui entraîne la décadence, la destruction. Cette déviation hors du centre, hors du juste milieu, est l’expression du mal, qui aboutit à la souffrance. À la fin de l’œuvre au noir, un mouvement de redressement s’opère grâce à la rectification alchimique. Au lieu de se disperser, l’ego se concentre sur le corps et sur les vrais besoins de l’âme. L’ego, jusque-là trop yin, devient yang, et le corps, jusque-là trop yang, devient yin. Comme le disaient les anciens alchimistes, cette rectification permet de « spiritualiser le corps » et de « corporifier l’esprit ». C’est l’alternance de plus en plus rapprochée des opérations solve et coagula : dispersion de ce qui est concentré, et concentration de ce qui est dispersé. Ces opérations sont réalisées par la réunion des deux Principes complémentaires, essence et substance, yang et yin, que les alchimistes appellent respectivement Soufre et Mercure. Sur le plan individuel, ces deux Principes sont l’esprit et le corps. Le premier est de nature ignée, lumineux, actif, masculin et le second liquide, ténébreux, passif, féminin. L’union de ces deux Principes, donne naissance à un troisième, le Sel, neutre ; c’est l’énergie vitale prénatale, à la fois yang et yin, androgyne.

Ce troisième Principe, né de l’union de l’esprit et du corps, est l’âme vivante, lumineuse. Symboliquement, c’est le Christ-Principe, né de l’union du Saint-Esprit et de la Vierge. C’est la « pierre cachée » qu’il faut découvrir dans les entrailles du corps et faire renaître puis s’élever en soi-même, grâce à l’union des deux Principes complémentaires. Jésus lui-même faisait allusion à cette seconde naissance, initiatique, lorsqu’il disait : « Si un homme ne naît d'eau et d'Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu.[14] ». Une allusion tout aussi frappante à cette force vitale qui s’élève des entrailles de l’individu et qui lui permet de renaître à sa condition d’Homme nouveau, est contenue dans ces paroles : « des fleuves d’eau vive jailliront de votre ventre[15] ». L’eau vive qui jaillit du ventre est une magnifique image de ce troisième Principe, qui synthétise en lui les deux Principes qui lui ont donné naissance. En effet, l’eau fait référence au Principe féminin, passif, liquide, qui est vivifié, c’est-à-dire mis en mouvement, par le Principe masculin, actif, igné. Nous pouvons y voir, symboliquement aussi, la vapeur, cette eau chauffée par une source de chaleur qui s’évapore et s’élève vers le haut en produisant une puissante force motrice. C’est cette eau vive jaillissant des entrailles qui va pouvoir réaliser l’œuvre de transmutation des ombres en lumière. C’est elle qui va progressivement dissoudre les blocages, nettoyer, purifier, régénérer l’individualité dans son entier.

Réunir le feu et l’eau, Seigneur ! C’est le travail des tiens, car en lui se trouvent puissance et force ; savoir faire jaillir avec sagesse la lumière des sombres ténèbres, voilà la vraie maîtrise. » Karl von Eckhartshausen

 

La perfection dans la dynamique intérieure

Le processus de transmutation des ombres en lumière par l’action non-agissante de l’énergie vitale, est un processus long et graduel. Couche par couche, le karma résiduel se dissout. Cette dissolution des blocages karmiques contenus dans le corps, permet à l’énergie vitale de s’écouler avec toujours plus de fluidité dans toutes ses parties. L’illumination intérieure se fait progressivement, avec intelligence, avec justesse. A mesure que cette progression se réalise, l’énergie vitale s’élève le long de l’axe lumineux, dans un mouvement en double spirale, éveillant à son passage les centres d’énergie (chakras). Lorsque l’énergie vitale peut s’écouler librement dans son mouvement ascensionnel, jusqu’au troisième œil (chakra ajna), l’individu a réintégré son état primordial, édénique, et a parachevé l’œuvre au blanc alchimique. Il est totalement purifié, illuminé, à l’image du Père céleste dont il reflète parfaitement la lumière dans le monde. Cet individu-là incarne l’état christique. Il est une Pierre philosophale vivante !

Avant d’en arriver là, c’est un long travail de spiritualisation de la matière, qui demande beaucoup d’attention, de présence au corps. Lorsque la force vitale remet en mouvement les énergies bloquées, le processus de transmutation est enclenché, et l’esprit doit y être totalement présent. Dans ce positionnement intérieur, l’esprit individuel (ego) focalisé en pleine conscience est une ouverture par laquelle la Lumière du Pur esprit peut se projeter sur les ombres, leur servant ainsi de tuteur le long duquel elles vont pouvoir s’élever, se redresser et s’harmoniser[16]. Dans cet état de présence, l’esprit ressent les sensations de manière équanime, c’est-à-dire au-delà des notions morales de bien et de mal, de désir et d’aversion, d’attraction et de répulsion. C’est un accueil, un amour inconditionnel de la réalité intérieure telle qu’elle se présente, et non telle qu’on voudrait qu’elle soit. C’est l’identification de l’ego au Bien suprême, l’alignement sur la Volonté divine de servir l’épanouissement de la vie sous toutes ses formes, et donc aussi les parts d’ombre de l’âme qui étaient jusque-là bloquées dans le subconscient. Cet alignement sur la Volonté divine est cette rectification alchimique dont nous avons précédemment parlé. C’est la condition sine qua non pour que cette transmutation puisse parvenir à son terme.

Bien évidemment, il sera fréquent de faillir le long de ce processus, mais ce qui importe n’est pas de faire un sans faute, mais de se relever le plus rapidement possible après chaque rechute. En effet, l’important ici n’est pas d’atteindre la perfection inhérente à l’état primordial, mais d’y aspirer sincèrement en faisant l’effort de se replacer le plus rapidement possible dans le juste milieu dès que l’on s’en écarte. Le but étant le chemin lui-même, la perfection est atteinte dans la dynamique intérieure qui mène à l’état primordial. La perfection est donc un état d’esprit dans lequel se place celui qui fait l’effort de rectifier comme il faut, avec sincérité, quelle que soit le résultat obtenu. Dans cet état d’esprit-là, la progression sur le chemin spirituel est assurée et le « salut » acquis en potentiel, même si la distance jusqu’au sommet de la montagne, symbole de la réintégration de l’état primordial, est encore bien grande.

Avancer vers la perfection ; voilà le vrai bien. Et le vrai bien, c’est le but de notre destinée. Être vertueux, c’est aspirer à une ressemblance avec la Divinité ; c’est se rapprocher de la vocation de l’homme ; c’est avancer vers l’unité de la créature et du Créateur. » Karl von Eckhartshausen

Celui qui fait l’effort sincère de se placer dans cette dynamique au quotidien, quelles que soient ses capacités, est potentiellement sauvé. Il a intégré la fraternité des élus de Dieu, celle des Hommes nouveaux. Il a mérité sa place dans la Nouvelle terre qui doit venir, quand bien même aurait-il encore bien des ombres à transmuter avant d’atteindre l’illumination intégrale.

 

aucoeurduvivant paradis elan sarro

 

Pensées à méditer :

Mais vous, ce n'est pas ainsi que vous avez appris Christ, si du moins vous l'avez entendu, et si, conformément à la vérité qui est en Jésus, c'est en lui que vous avez été instruits à vous dépouiller, eu égard à votre vie passée, du vieil homme qui se corrompt par les convoitises trompeuses, à être renouvelés dans l'esprit de votre intelligence, et à revêtir l'homme nouveau, créé selon Dieu dans une justice et une sainteté que produit la vérité. » St-Paul, Épître aux Éphésiens (4:20-24)

…nous voici disposé à vivre de nouveau. Nous avons pénétré dans la mer primordiale. Elle a rendu vigueur à celui qui refait (sa) jeunesse. (Que le vieil homme) soitdévêtu, un autre est habillé ! » Traduction d’un papyrus égyptien, par Max Guilmot

Les gens ne devraient pas toujours réfléchir à ce qu’ils doivent faire, mais plutôt penser à ce qu’ils doivent être. S’ils étaient seulement bons et conformes à leur nature, alors leurs œuvres pourraient briller d’une vive clarté. » Maître Eckhart

Le miracle de l’alchimie correspond à la nature la plus fondamentale de l’homme, celle de coïncider d’une façon vivante et absolue, avec tout ce qui est. Marie-Madeleine Davy

L’homme nouveau est d’abord appelé à vivre sa solitude et à l’assumer. Le besoin de quêter ici et là risque d’appartenir à une forme de mondanité relevant davantage de la psychologie que de la vie de l’esprit. C’est donc vers l’intériorité que l’homme nouveau doit diriger son attention. Habiter avec soi (habitare secum), permet de recevoir la fulgurance des révélations qui jaillissent dans le silence. Tel est le merveilleux héritage de l’homme qui accueille son Esprit-Saint, son « intellect agent », dans un au-delà de tous les systèmes. […] Aujourd’hui, l’homme est invité à s’adresser à son propre maître intérieur dans le mystère de sa dimension de profondeur. » Marie-Madeleine Davy

L’alchimie est l’art des arts, c’est la science : par excellence ! » Khâlid ibn al-Yazîd

Mais l'intelligence n'est donnée qu'aux Élus pour la préparation des travaux et des jours, à ceux qui sont nantis d'une fortune et d'un bon sens suffisants, pas à ceux qui ont mérité l’indignité par la gravité de leurs fautes. […] Le sentier secret de Dieu ne se trouve pas dans les écrits, il faut le chercher dans la nature, dans ce que les créatures nous témoignent de Dieu. Quelque chose d'impérissable est caché dans la putrescibilité ; si nous éliminons celle-ci, nous parviendrons au jardin secret de Salomon, c'est-à-dire au paradis, et nous pourrons puiser à la fontaine scellée de Dieu. » Friedrich Herbort

De même que le soleil brille sur nous du haut des cieux, de même les talents dont les germes existent dans le cœur humain doivent être développés aux rayons du soleil de la divine Sagesse. » Théophraste Paracelse

Il y a, caché en l’homme, un trésor si remarquable et si merveilleux que les sages ont estimé que la parfaite sagesse consiste pour lui à se connaître, c’est-à-dire à découvrir le mystère secret qui se cache au-dedans de lui. » Robert Fludd

Même si le chemin conduisant à l’âme semble très difficile, encore peut-il être trouvé. Et s’il est parfois difficile à trouver, c’est parce qu’il est trop peu cherché… En cela, tout ce qui est noble est aussi difficile que rare. » Baruch Spinoza

Le plus grand ennemi de l’homme n’est autre que son propre ego, car celui-ci, tant qu’il n’est pas maîtrisé, le rend sourd et aveugle au bien. Mais Dieu a donné à l’homme une précieuse amie, son âme elle-même, qui n’a de cesse que de se faire entendre à lui et de le guider. » Marie Corelli

Plus que jamais, les temps sont venus de passer de la religiosité à la spiritualité, c’est-à-dire de remplacer la seule croyance en Dieu par la connaissance des lois divines, au sens de lois universelles, naturelles et spirituelles. » Appellatio F.R.C.

Celui qui veut connaître l’aube doit emprunter le chemin de la nuit. » Khalil Gibran

La « simplicité », expression de l’unification de toutes les puissances de l’être, caractérise le retour à l’ « état primordial » ; et l’on voit ici toute la différence qui sépare la connaissance transcendante du sage, du savoir ordinaire et « profane ». Cette « simplicité », c’est aussi ce qui est désigné ailleurs comme l’état d’ « enfance » (en sanscrit bâlya), entendu naturellement au sens spirituel, et qui, dans la doctrine hindoue, est considéré comme une condition préalable pour l’acquisition de la connaissance par excellence. Ceci rappelle les paroles similaires qui se trouvent dans l’Evangile : « Quiconque ne recevra point le Royaume de Dieu comme un enfant, n’y entrera point. »(Marc 10:15), « Tandis que vous avez caché ces choses aux savants et aux prudents, vous les avez révélées aux simples et aux petits » (Matthieu 11:25). « Simplicité » et « petitesse » sont ici, au fond, des équivalents de la « pauvreté », dont il est si souvent question aussi dans l’Evangile, et qu’on comprend généralement fort mal : « Bienheureux les pauvres en esprit, car le Royaume des Cieux leur appartient. ». Cette « pauvreté » (en arabe El-faqru) conduit, suivant l’ésotérisme musulman, à El-fanâ, c'est-à-dire à l’ « extinction » du « moi » ; et, par cette « extinction », on atteint la « station divine » (El-maqâmul-ilahi), qui est le point central où toutes les distinctions inhérentes aux points de vue extérieurs sont dépassées, où toutes les oppositions ont disparu et sont résolues dans un parfait équilibre. René Guénon



[1] Éphésiens 4:24.

[2] Nous parlons de maturité « psychologique », atteinte à l’âge de 20 ou 21 ans, en moyenne. Faisons remarquer que l’étape de l’œuvre au noir débute bien plus tôt, en réalité dès que le mental commence à être suffisamment formé pour générer des pensées en opposition avec la Volonté divine, donc à un âge de 7 ans en moyenne (avec des variations plus ou moins grande selon l’éducation reçue et des conditionnements du milieu extérieur).

[3] Dans toutes les grandes traditions, l’enfance, tout comme la pauvreté et la simplicité, a servi de symbole pour parler de l’état primordial de l’homme avant la chute, condition supérieure qu’il lui est nécessaire de recouvrer s’il compte réaliser sa nature transcendante. Voir citation de René Guénon dans l’encadré « pensées à méditer ».

[4] Voir notre référence à la seconde Bête de l’Apocalypse de Jean, dans Lumière sur la période apocalyptique actuelle.

[5] Voir notre explication relative au symbolisme de l’agneau égorgé, dans Lumière sur la période apocalyptique actuelle.

[6] Référence à Matthieu 22:14.

[7] Pour faire partie des élus et être sauvé, il ne suffit pas d’avoir un intérêt pour la spiritualité, de lire des ouvrages à ce sujet, de croire en tel ou tel Maître ou Dieu, de faire de temps à autre des exercices de yoga ou de méditation. La quête de l’illumination intérieure exige une volonté ferme et un engagement de tous les instants dans un effort juste sur soi-même. Nous constatons malheureusement trop souvent que dans ce domaine, la fin ne justifie pas les moyens, et que de nombreuses personnes croient s’élever spirituellement par le seul fait de leurs croyances, de leurs connaissances et de leur pratique occasionnelle. Certes, nous comprenons qu’il puisse être valorisant et sécurisant pour l’ego de se croire « avancé » spirituellement, mais en deçà de cette croyance superficielle, le potentiel de l’âme demeure encore et toujours contenu, brimé. Dans ces conditions-là, l’individu se trouve encore et toujours à errer dans le labyrinthe symbolique de l’œuvre au noir. Ajoutons encore que la possibilité d’être parmi les « élus » qui seront sauvés à la fin des temps, n’est PAS exclusivement réservée au peuple d’Israël, donc aux Juifs. L’interprétation des textes sacrés doit être avant tout symbolique, et non littérale. Chaque être humain, quelles que soient sa confession et ses croyances, peut potentiellement faire partie des élus s’il s’en donne les moyens. En complément, voir questions-réponses n°3 et 4, ci-dessous.

[8] Le pouvoir guérisseur de la nature (vis medicatrix naturae) dont parlait Hippocrate, n’est autre que la véritable médecine (veram medicinam) des alchimistes, la panacée, le remède universel, l’élixir d’immortalité, la Pierre philosophale, comme en témoigne une variante de la formule précitée, V.I.T.R.I.O.L.U.M., où les deux dernières lettres signifient Universalis Medicina, la médecine universelle, associée à la pierre cachée. « Visite l’intérieur de la terre, rectifie, et tu trouveras la pierre cachée, la médecine universelle. ». L'alchimie et la médecine antique ne sont pas les seules traditions à mentionner ce « Nectar » en tant que véritable médecine : c'est aussi l'Amritâ de la tradition hindoue, le Soma vêdique, l'Ambroisie grecque, le Haoma mazdéen, etc. 

[9] Rappelons que l’accueil inconditionnel n’est pas un état de permissivité dans lequel on laisserait les impulsions de l’ego nous diriger à leur guise. Au contraire, c’est un état de totale maîtrise de soi par la désidentification des schémas dysfonctionnels de l’ego.

[10] Voir notre dossier sur la pratique rituelle.

[11] Il existe pléthore de techniques de méditation. Pour nous, la plus efficace et la plus sûre de toutes, est la méthode Vipassana telle qu’elle a été transmise par le Bouddha Siddhârta Gautama. Voir notre article à ce sujet.

[12] Expression empruntée à la nouvelle version du « Notre Père », datant de 2013.

[13] Matthieu 5:48.

[14] Jean 3:5

[15] Jean 7:38. C’est cette même eau vive qui s’écoule hors du flanc de Jésus lors de sa crucifixion. Le flanc, c’est-à-dire la partie du ventre située sous les côtes, est transpercé par la lance du soldat romain Longinus, lance qui symbolise l’axe lumineux de l’Esprit qui pénètre le centre du corps (le bas-ventre, le Hara) pour y produire, y faire naître, l’énergie vitale.

[16] L’acte de la rectification est symbolisé par le bâton d’Hermès lancé au milieu des serpents en train de se battre, qui alors s’harmonisent et s’équilibrent en s’élevant autour de lui, en forme de spirale. Cliquez ici pour voir une image du caducée d’Hermès.

 

Questions-Réponses

1) Pouvez-vous nous dire s’il y a des signes de la transmutation de l’âme ?

2) Combien de temps cela prend-il pour que les émotions enfouies remontent à la conscience et se libèrent ?

3) J'ai beaucoup de peine à accepter cette notion d'« élus ». Cela me révolte de penser que certaines personnes ne pourront pas accéder au Paradis terrestre !

4) Qu'entendez-vous exactement par la notion d'effort juste ?

 

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Citation inspirante

C'est en faisant le bien que l'on détruit le mal, et non en luttant contre lui. C'est en cultivant l'amour que l'on détruit la haine, et non en l'affrontant. C'est en faisant croître la lumière que l'on triomphe de l'obscurité, et non en lui livrant combat.

Charif Barzouk,

philosophe berbère de tradition orale,

de la première moitié du 20e siècle.