Qu'est-ce que l'ego ?
Voilà une question sur laquelle nous nous penchons depuis de nombreuses années. Que de réflexions, de méditations, de temps passé à observer notre fonctionnement, et aussi tant d'application à désapprendre les fausses croyances à son sujet, nous auront été nécessaires pour aboutir à une vision claire qui fait sens pour nous et qui nous aide à nous orienter avec justesse (du moins nous l'espèrons...) dans notre quête d'équilibre et d'harmonie. Dans cet article, nous vous livrons le résultat de toutes nos recherches sur l'ego, et présentons aussi une voie possible pour le stabiliser et en faire un instrument fonctionnel au service de la Volonté divine.
S’il est bien une notion incontournable quand on s’intéresse à la spiritualité, au développement personnel ou à la psychologie, c’est bien de l’ego. Cette notion fait l’objet de tant de définitions, et est entourée de tant de conceptions plus ou moins contradictoires, qu’il est difficile de s’y retrouver et de s’en faire une idée claire qui se rapproche de la vérité. Ce que nous avons pu constater au cours de nos recherches, c’est qu’il existe davantage de définitions justes que fausses, mais que ces définitions sont toutefois incomplètes et que, si nous nous limitons à elles, nous risquons de commettre certaines erreurs d’interprétation qui peuvent s’avérer lourdes de conséquence pour la pratique spirituelle. Dès lors, pour bien comprendre toute la complexité que renferme la notion d’ego, il est indispensable d’en explorer toutes les facettes. Si nous voulons être rigoureux dans notre démarche, nous ne pouvons pas, en effet, simplement nous contenter d’affirmer que l’ego se limite à une « impression de séparation », à une « identification à un je », à une « image de soi », à une « conscience individuelle », à un « esprit de division », à la « connaissance du bien et du mal », au « diable », etc. Si tout cela est exact, c’est toutefois insuffisant.
De même, nous ne pouvons pas non plus affirmer que l’ego est une entrave et qu’il faut s’en débarrasser pour s’élever spirituellement. Cette croyance, largement répandue dans les milieux orientalistes, aboutit bien souvent, paradoxalement, à un approfondissement de la dualité, où la personne qui y adhère se bat contre ce qu’elle considère être l’influence de l’ego en elle, sans se rendre compte qu’il s’agit encore et toujours de l’ego qui est aux commandes et qui pervertit l’intention (et l’attention) dans une direction qui s’avère au final contre-productive. Il n’est pas rare en effet de remarquer que des croyances erronées au sujet de l’ego aboutissent au résultat inverse de celui qui légitime l’implication dans la pratique spirituelle. Il est déplorable que l’impulsion salutaire de s’émanciper par la libération des chaînes intérieures qui briment l’élan vital de l’âme et l’empêchent ainsi de se réaliser, soit récupérée et détournée par ces croyances erronées auxquelles la personne s’identifie, et qui vont lui faire « jeter le bébé avec l’eau du bain ». C’est avant toute chose pour éviter cet écueil malheureusement trop fréquent que nous avons souhaité nous livrer à une définition de l’ego dans toute sa complexité. Pour cela, nous établirons un rapprochement avec les notions d’âme vivante, d’esprit, de mental et de diable, qui lui sont indissociables, comme nous allons nous appliquer à l’expliquer.
Une impression de séparation vécue par l’esprit
L’ego, d’un point de vue ésotérique, n’est en fait rien d’autre qu’une impression d’être un « je » séparé, un esprit individualisé, impression induite par l’influence d’impulsions magnétiques d’attraction et de répulsion, qui confère à l’esprit cette impression qu’il est directement concerné par les phénomènes qui entrent en relation avec son véhicule psychique, l’âme vivante, qui est elle aussi sous l’influence de ces impulsions magnétiques, dont la fonction est de définir ce « je », ainsi que d’assurer sa protection et sa croissance sur tous les plans (physique, psychique et spirituel).
Nous insistons d’emblée sur le fait que l’ego n’est rien d’autre que l’esprit individuel, pour éviter de l’assimiler à une entité qui aurait une existence propre à l’intérieur de soi-même, et qui serait localisée à un endroit particulier. S’il est évident que l’esprit individuel, c’est-à-dire l’ego, a son « point d'ancrage », par défaut, au niveau du 3ème œil (chakra ajnâ)[1], il est impossible de le délimiter pour en déterminer la forme, car celle-ci n’existe tout simplement pas, à la différence de l’âme vivante qui a, quant à elle, une réalité structurelle tout-à-fait perceptible par l’esprit, tant au niveau subtil (pensées, émotions) que grossier (le corps physique).
Aussi, certains penseurs ont voulu apparenter l’ego à un « enfant intérieur » ou à un ensemble de sous-personnalités avec lesquelles nous devons composer et qui seraient, d’une certaine manière, les responsables de nos malheurs. Ces visions de l’ego sont erronées, car comme nous l’avons dit, celui-ci est impossible à observer du fait qu’il n’a aucune réalité structurelle indépendante et autonome, contrairement à l’âme vivante et à toutes les mémoires karmiques[2] qu’elle porte en elle. Pour dire les choses autrement, l’ego relève de l’esprit, et est par conséquent relatif à l’essence, informelle, alors que l’âme est substantielle, formelle. L’ego peut avoir conscience de l’âme vivante à laquelle il est intrinsèquement liée et à laquelle il est naturellement enclin à s’identifier : « je suis cette émotion », « je suis cette pensée », « je suis ce corps », etc. Mais étant informel, l’ego ne peut se voir lui-même.
L'oeil ne se voit pas lui-même ; il lui faut son reflet dans quelque autre chose. »
William Shakespeare
William Shakespeare, avait l’art et la manière de disperser dans ses œuvres de précieux enseignements initiatiques, sous la forme de métaphores. Dans cette citation de l’écrivain anglais, l’œil est un symbole de « ce » qui perçoit la réalité, c'est-à-dire de l’esprit individuel (ego), alors que le « reflet » n’est autre que la réalité du vivant. Tout ce qui est manifesté dans le monde phénoménal, est le vivant, et la nature vibratoire du reflet qu’il constitue, tantôt expression de l’harmonie (ordre, équilibre), tantôt expression de la disharmonie (chaos, déséquilibre), dépend du degré d’ouverture de l’ego à la Lumière spirituelle, qu’il laisse plus ou moins filtrer à travers lui, par ses pensées, paroles et actions. Plus l’ego est identifié à des voiles d'illusion, plus le passage de la Lumière spirituelle est restreint, et moins le vivant sera à même d’en refléter le Bien suprême sous la forme de la perfection et de l’ordre naturel des choses, ou, ce qui revient au même, de l’harmonie et de l’équilibre. Cela signifie que les causes qui se reflètent en tant que conséquences dans le monde formel, prennent racines dans l’ego, et nulle part ailleurs, et que l’observation de la nature de ce reflet permet de déterminer l’état d’esprit qui en est à l’origine, au même titre que la nature de l’effet permet de déterminer celle de sa cause. Le Christ-Jésus, qui avait pour même habitude de s’exprimer par le symbole, enseignait également cette sage vérité :
L'oeil est la lampe du corps. Si ton oeil est en bon état, tout ton corps sera éclairé ; mais si ton oeil est en mauvais état, tout ton corps sera dans les ténèbres. Si donc la lumière qui est en toi est ténèbres, combien seront grandes ces ténèbres ! »
Matthieu 6:22-23
La fonction des impulsions magnétiques d’attraction et de répulsion
Tout ce qui fait partie du monde manifesté, du vivant, qu’il s’agisse d’une bactérie, d’une cellule, d’un animal ou d’un être humain, est imprégné par ces impulsions magnétiques. Si nous devions en donner une image symbolique, nous dirions qu’elles sont semblables à un treillis, une trame, un filet ou une matrice[3], qui délimitent l’âme et le corps, et en protègent l’intégrité. Sans ces impulsions magnétiques, l’individualité serait immédiatement déstructurée et l’ensemble cohésif qu’elle forme se désagrégerait et se disperserait dans la nature.
Si l’individu peut vivre en tant qu’entité définie au sein de son environnement, dans la cohésion et l’harmonie, c’est donc grâce à ces impulsions magnétiques d’attraction et de répulsion. Il s’agit là d’un principe utile dont la fonction est de maintenir l’homéostasie du vivant, c’est-à-dire l’harmonie, l’unité, l’équilibre et l’ordre naturel des choses. En tant que tel, ces impulsions ne sont nullement nuisibles, mais elles peuvent par contre le devenir lorsqu’elles sont mal orientées par l’ego qui dysfonctionne. Avant de comprendre les causes de ce dysfonctionnement, voyons comment ces impulsions magnétiques sont mises au service de la vie.
Les impulsions magnétiques d’attraction et de répulsion imprègnent absolument tout le vivant, c’est-à-dire tout ce qui appartient au domaine de la manifestation formelle. Étant indissociables de la vie, à tous les niveaux, ces impulsions se manifestent tant sur le plan physique que psychique, et nous pouvons clairement en percevoir l’influence sur ces deux plans. En tant qu’être humain, par exemple, nous inspirons (attraction) et nous expirons (répulsion), nos cellules assimilent (attraction) et éliminent (répulsion), nous recherchons ce qui est agréable (attraction) et nous rejetons (répulsion) ce qui est désagréable. L’attraction et la répulsion rythment nos vies. En adéquation avec la loi des polarités de la tradition extrême orientale, l'attraction est yang, et la répulsion est yin. Lorsque ces impulsions, opposées mais complémentaires, peuvent œuvrer en adéquation avec l’ordre naturel des choses, elles confèrent à l’énergie vitale, donc à l’âme, son mouvement fluide en forme de spirale à l’intérieur des canaux d’énergie. Si nos cellules n’étaient pas à même de rejeter les toxines et les poisons, ni d'attirer à elles les éléments dont elles ont besoin pour vivre, nous ne pourrions pas vivre plus de quelques secondes. Idem pour le rythme de la respiration et pour les pulsations de notre cœur. Si nous n’étions pas capables de ressentir le besoin de boire de l’eau lorsque nous avons soif, nous risquerions de mourir déshydratés. Si nous ne ressentions pas l’élan de nous unir à un-e partenaire qui nous plaît, nous ne pourrions procréer et perpétuer l’espèce humaine. Si nous ne ressentions pas le besoin de faire du feu pour nous réchauffer, nous pourrions mourir de froid. Si nous n’éprouvions pas l’impulsion de nous écarter face à un danger, nous pourrions nous blesser. Ces impulsions magnétiques sont mises au service du vivant, de sa protection, de son intégrité et de son épanouissement individuel et collectif, cela pour tous les règnes de la nature.
Ces impulsions magnétiques sont donc un principe bénéfique au service de l’âme vivante et de l’ego qui la dirige. Elles en assurent la protection et l'épanouissement sur tous les plans. Cette définition, jusqu’ici tout-à-fait positive, n’est toujours pas complète car elle ne permet pas de comprendre en quoi l’ego peut être responsable de nuisances et de déséquilibres en pervertissant l’influence de ces impulsions magnétiques.
Si nous voulons comprendre comment cette perversion porte atteinte à l’intégrité de l’âme vivante, nous devons considérer l’influence de ces impulsions magnétiques au niveau psychologique.
À la différence des espèces des autres règnes de la nature, l’être humain possède un mental. L’imprégnation des impulsions magnétiques d’attraction et de répulsion, dans le mental, se manifestent par le désir et l’aversion mis en forme par des images, des rêves, des tentations, des fantasmes, des idées reçues, des jugements, des vélleités, des revendications, etc. ; nous aimons, recherchons, désirons tout ce qui participe à l’entretien de l’équilibre, l’harmonie, la cohésion et de l’unité (ou de l’image qu'on s’en fait), et nous détestons et rejetons tout ce qui peut lui nuire. De la même manière, nous recherchons tout ce qui peut nous apporter du plaisir et rejetons tout ce qui peut nous indisposer et nous faire souffrir.
Le récit de la Genèse fait référence aux impulsions « psychologiques » d’attraction et de répulsion, en parlant de la « connaissance du bien et du mal ». Dans le mental de l’être humain[4], tout ce qui participe à l’obtention du plaisir est assimilé au « bien », et tout ce qui apporte la souffrance est considéré comme « mal ». On recherche ce que l’on estime être le « bien », et on repousse ce qu’on estime être le « mal ». Autrement dit, on recherche ce que l’on aime, et on repousse ce que l’on n’aime pas, cela dans le but d’entretenir et de protéger le sentiment de soi. Jusqu’ici tout semble normal et les impulsions magnétiques, au niveau psychologique, semblent jouer un rôle analogue aux impulsions physiques.
La perversion dont nous parlions plus haut, qui fait que les impulsions magnétiques deviennent nuisibles, rompent l’état d’unité et entravent par conséquent l’éveil de l’âme vivante (ou son épanouissement, ce qui revient au même), n’est pas de leur fait, mais de celui de certaines croyances mentales auxquelles l’ego s’identifie, et qui en dénature la fonction. Ce constat mérite que nous lui accordions toute notre attention, car le « nœud du problème » se situe précisément ici.
L’influence perverse de l’ego identifié aux croyances mentales
Tout d’abord, faisons remarquer que le mot « mental » vient du latin mens, que l’on retrouve également à la racine du mot « menteur ». Voilà qui est intéressant, n’est-ce pas ? Le mental est un menteur dans la mesure où sa nature même l’empêche de connaître la vérité. Il fausse la perception de la vérité du vivant (cette expression est un pléonasme en fait…) en surimposant sur ce dernier une ou plusieurs pensées. Il occulte la vérité, et c’est en cela qu’il ment. Le mental, dans le mode de fonctionnement binaire qui le caractérise, est incapable de percevoir la vérité du vivant, dans son unité, non pas parce qu’il ne le veut pas, mais parce qu’il ne le PEUT pas. En d’autres termes, il ne ment pas par choix, mais par nature. Il ne peut faire autrement que de déformer la vérité synonyme de réalité, en la travestissant, en la voilant. Faisons toutefois remarquer que le mental n’est qu’un outil à disposition de l’ego (l’esprit individuel, rappelons-le) et qu’il n’est pas mauvais en soi. C’est bien l’identification de l’ego aux formes produites par le mental, c’est-à-dire les pensées, qui peut être perverse et qui peut, par le fait même de cette perversion, nuire à l’âme vivante.
La perversion n’est jamais le fait d’un principe ou d’une chose, mais de l’usage dysfonctionnel qui en est fait par l’ego plongé dans l’ignorance.
C’est ici qu’intervient la croyance. L’ego identifié au mental croit savoir, alors que l’ego désidentifié du mental fait l’expérience directe de la vérité. L’ego identifié au mental s’évertue à démontrer que ce qu’il croit est vrai, alors que l'ego désidentifié du voile mental, qu'on appelle la pleine conscience, connaît la vérité et n’a nullement besoin de la démontrer. Le duo ego-mental est ici un synonyme de la raison, alors que la pleine conscience se rapporte à l’Intellect supérieur ou au Pur esprit, c’est-à-dire à la faculté de percevoir la réalité du vivant (encore un pléonasme…) telle qu’elle est vraiment, dans sa vérité, dans son unité, ce qui n’est possible QUE sans la surimposition du mental puisque ce dernier déforme et ment. Le mental est un instrument de création utile par lequel nous pouvons émettre des pensées, analyser, organiser, réfléchir, etc., mais cet outil, il est impératif de pouvoir le maîtriser si l’on entend pouvoir donner une chance à l’âme vivante de s’éveiller. En ce sens, voici ce qu’écrivit le sage indien Shrî Aurobindo[5] :
Quand nous avons dépassé les savoirs, alors nous avons la Connaissance. La raison fut une aide; la raison est l'entrave. […]Quand nous avons dépassé l'individualisation, alors nous sommes des Personnes réelles. L'ego fut une aide; l'ego est l'entrave. »
Comment l’ego et le mental (la raison) peuvent-ils être une aide puis devenir une entrave ? Pour le comprendre, il faut appréhender le mental et l’ego depuis des angles de vue différents, mais complémentaires. Prenons l’exemple d’une personne en souffrance. Les impulsions magnétiques vont lui faire ressentir le désir d’échapper à cette souffrance. Elle se questionnera sur l’origine de sa souffrance et entreprendra des recherches pour trouver des moyens de s’en libérer. Dans ce but, son mental lui sera d’une grande utilité puisqu’il lui permettra de trier les informations, tout comme le vôtre vous est utile en ce moment même en rendant possible le fait même de lire et de comprendre nos propos (du moins nous l’espérons...). Par contre, à un autre niveau, les impulsions magnétiques et le mental qui auront été très utiles pour permettre à cette personne d’accéder à l’information dont elle avait besoin pour se libérer de la souffrance en comprenant son origine et en découvrant les moyens d’atteindre cette libération, deviendront un obstacle, car seul le Pur esprit accordant son attention au vivant, dans sa faculté à accueillir sa souffrance, telle qu’elle est, dans sa vérité, peut réaliser cette libération, cette guérison. Cela implique donc d’accueillir inconditionnellement cette souffrance, ce qui n’est évidemment pas possible si l’on décrète mentalement qu'elle est quelque chose de négatif (un « mal ») dont il faut se débarrasser en utilisant à cette fin les impulsions magnétiques de répulsion et d’attraction. La guérison de la souffrance passe donc obligatoirement par la désidentification des fausses croyances mentales et des impulsions magnétiques qu’elles déclenchaient, ou ce qui revient exactement au même, à leur neutralisation ou à leur maîtrise. Nous utilisons ici volontairement les expressions désidentification, maîtrise ou neutralisation, dans un sens commun, pour éviter d’induire l’idée qu’il faille détruire le mental ainsi que les impulsions magnétiques. Ces instruments de création ayant leur fonction, et donc leur utilité, il serait en effet extrêmement nuisible et dangereux pour l’équilibre physique et psychologique de les annihiler. Nous ne saurions nous montrer davantage insistants sur cette mise en garde. Il s’agit bien de maîtriser, et non de détruire. Toutefois, si l’on devait s’obstiner à vouloir parler de destruction, cela devrait concerner les illusions produites par l’ego, et non à l’ego lui-même, ni au mental, ni aux impulsions magnétiques. En appui de nos propos, voici un avertissement particulièrement bien formulé du sage thaïlandais V.-R. Dhiravamsa[6] :
Dans la mesure où l’ego et le mental sont des empêchements au cheminement spirituel, on peut se demander s’il ne vaudrait pas mieux balayer le mental et annihiler le moi. Le mental et l’ego étant nos matériaux de travail, leur destruction n’apporterait rien de positif. Par contre, on peut les purifier, en sorte qu’ils puissent remplir les fonctions de pensées, de sentiment et d’intégration sans la moindre distorsion. Les endommager ou les répudier - et cela vaut de même pour le corps physique -, aurait comme conséquence d’aggraver leur activité de déformation. La liberté n’est pas « là-haut », elle réside dans notre volonté et notre capacité à regarder en bas, en haut et partout alentour, afin d’éviter que l’attitude de fuite ou d’impatience ne vienne creuser en nous de dangereux fossés (NDLR : c’est-à-dire amplifier la dualité). Ce n’est que grâce à l’observation constante qu’on parvient à parfaitement comprendre le mental et l’ego et à abolir leur pouvoir de tyrannie. C’est encore grâce à elle qu’on comprend l’inutilité de la peur et, par là, apprend à considérer toute chose avec un regard libre. »
Détruire un principe qui est indissociable du vivant, donc de l’âme, ne peut qu’amputer cette dernière d’une part essentielle, à la fois constitutive et protectrice de sa nature. C’est ainsi qu’en croyant bien faire[7], certaines personnes insuffisamment vigilantes et pour trop ignorantes des principes qui participent à l’ordre naturel des choses, se sont fixées comme but absolu la dissolution de l’ego, du mental et des impulsions magnétiques, avec pour conséquence dramatique la déstructuration de leur identité, tant sur le plan physique que psychique, affaiblissant par là même les fondations sur lesquelles elles doivent pouvoir prendre appui pour s’élever spirituellement.
L’enseignement initiatique du combat de Thésée contre le Minotaure
Nous retrouvons, dans les récits mythologiques et dans les enseignements spirituels, ésotériques surtout, des enseignements et des mises en garde au sujet de la quête spirituelle et de cette étape incontournable de la maîtrise des impulsions de l’ego et du mental. Le combat de Thésée face au Minotaure compte parmi les plus explicites à ce titre. Le Minotaure est une créature hybride, mi-animal mi-homme, symbole des impulsions magnétiques et du mental[8] à l’intérieur de chaque individu. D’après ce mythe, Thésée a tué ce monstre à l’aide de sa massue de cuire, qui représente symboliquement la force vitale orientée par la nature inférieure, c’est-à-dire par l’ego dysfonctionnel, diabolique. En agissant de la sorte, Thésée n’a fait que de renforcer en lui-même ce monstre qu’il a terrassé à l’extérieur de lui. L’issue de ce combat initiatique aurait été spirituellement victorieuse si Thésée s’était servi de sa seconde arme, l’épée d’or, symbole de la Lumière de l’esprit qui triomphe de la nature inférieure, non pas en cherchant à s’en défaire, mais en ajoutant ce qui fait défaut, c’est-à-dire la... conscience !
Là où l’ego identifié à de fausses croyances mentales lutte contre son reflet dans le miroir de l’existence, et approfondit par conséquent la dualité, l’ego aligné sur la Lumière du Pur esprit transcende le dualisme et rétablit l’unité, l'équilibre et l'harmonie. Dans ce positionnement intérieur, qui se manifeste par une bienveillante neutralité au travers de laquelle la réalité du vivant est contemplée sans volonté qu’elle soit différente de ce qu’elle est, les impulsions magnétiques et le mental sont maîtrisés, et ne peuvent donc plus s’interposer entre le vivant et la Lumière de l’esprit. Le voile de l’illusion étant ainsi tranché, l’ombre (symbole de la souffrance du vivant) est mise en lumière et devient elle-même lumière. Cette transmutation est l’opération alchimique par laquelle l’âme retrouve son mouvement et s’élève le long de l’axe lumineux de l’esprit. Par cet éveil, cette renaissance, l'âme peut refléter la Lumière de l'esprit par son rayonnement propre, à la manière d'un prisme qui reçoit la lumière blanche et en restitue les qualités en de multiples couleurs.
L’épée d’or de Thésée est une représentation symbolique de cet axe lumineux sur lequel il convient que nous nous alignions si nous voulons dévoiler ce potentiel merveilleux, ce trésor[9], de l’âme qui est en nous. Cet alignement est la rectification alchimique[10] par laquelle nous nous désidentifions des illusions qui nous maintenaient dans la périphérie, pour revenir au centre, au cœur du vivant. Cette conversion toute intérieure, si elle est d’une simplicité enfantine puisqu’il suffit de ressentir, de percevoir, d’accueillir la réalité telle qu’elle est, dans toute la vérité de sa nudité, est loin d’être facile à réaliser dans les faits, à cause de la profonde imprégnation des conditionnements réflexes desquels nous sommes rendus esclaves, qui nous dévient constamment de l’axe central en nous faisant réagir selon certains schémas de fonctionnement. Même lorsque nous croyons être justes, nous pouvons nous faire manipuler par l’influence de ces schémas conditionnés auxquels nous nous identifions. Le discernement doit être extrêmement bien entraîné pour que nous puissions faire la différence entre la Connaissance transcendante de la Lumière de l’esprit, par laquelle l'ego fait l’expérience de la vérité par sa perception directe du vivant, et la « connaissance du bien et du mal » relative à l'identification de ce même ego au mental.
L’ego est une bien curieuse chose, plus que tout dans la manière dont il se cache et soutient qu’il n’est pas l’ego. Il peut toujours se cacher, même derrière une aspiration à servir le Divin. La seule chose à faire est de le chasser de derrière tous ses voiles et tous ses recoins. Vous avez raison de penser que c’est là, en réalité, la partie la plus importante du Yoga. »
Shrî Aurobindo[11]
Quand l’ego devient diabolique
Dans le récit de la Genèse, il est dit que la chute d’Adam et Ève coïncide avec l’acquisition de la connaissance du bien et du mal. Il s’agit d’une manière d’expliquer allégoriquement l’illusion produite par l’imprégnation des impulsions d’attraction et de répulsion dans la dimension mentale. C’est à cette influence que l’ego va s’identifier et qui va avoir pour effet de l’induire en erreur, non seulement dans sa perception de la réalité, mais également dans ses pensées, ses émotions, ses paroles, ses gestes et ses actions les plus extérieures. En effet, on sait qu’avec la « connaissance du bien et du mal », la nudité, symbole de la vérité du vivant, mais aussi de sa simplicité, de sa pureté, de son innocence, de sa candeur, est désormais considérée comme un « mal » qu’il faut cacher, couvrir, voiler. Dans l’esprit (l’ego) d’Adam et Ève survient la croyance que la nudité est mauvaise et honteuse, alors que jusque-là elle était considérée comme juste et naturelle, en tant que reflet du Bien suprême, parfait à l’image même du Créateur. Avant cette identification fallacieuse à certaines croyances qui inversent les rapports et font considérer le Bien suprême pour un mal, Adam et Ève étaient déjà dotés d’un ego, mais celui-ci était fonctionnel, car aligné sur l’axe lumineux du Pur esprit (symbolisé par l’Arbre du Milieu) et ils vivaient par conséquent en unité, en équilibre, en harmonie, dans la voie du juste milieu, en phase avec le mouvement de la vie. Puis, l’ego s’est laissé tenter par l’identification à de fausses croyances et a agit en fonction d’elles. En conséquence de cette inversion perverse, Adam et Ève se sont laissés déporter hors du juste milieu, dans un éloignement toujours plus grand de la vérité du cœur, perdant de ce fait leur état primordial.
Le récit d’Adam et Ève n’a que peu d’intérêt s’il n’est pas transposé, par analogie, à ce qui se passe à l’intérieur de chaque être humain. Toutes les figures de ce récit allégorique sont des symboles de certains principes et mécanismes de fonctionnement qui sont en nous et qui nous influencent.
Voilà ce qu’est le diable des religions : l’ego illusionné et dysfonctionnel qui pervertit, par l’usage déviant qu’il en fait, les impulsions magnétiques et le mental. Sous l’effet de cette perversion, l’ego devient diabolique. L’étymologie du mot diable est particulièrement révélatrice. Ce mot est la traduction du grec diabolos, qui signifie littéralement l’action de « jeter en travers », de « désunir ». L’ego s’identifie au voile constitué par l’impression mentale, et s’empêche de percevoir la vérité du vivant. Il dévie son attention hors du centre, hors du cœur, dans un monde de chimères et d’illusions. N’étant plus connecté à la vérité du vivant, il n’est plus en mesure d’en reconnaître les messages, les besoins, les aspirations, les intuitions, etc. Sans cette connexion à la vérité du vivant, remplacée par l’identification à des croyances erronées, l’ego fait un usage inapproprié des impulsions magnétiques et « manque la cible ».
C'est ainsi que l'ego commet le péché. Corrompu et perverti par ses propres illusions, il se désaligne de la Volonté divine qui est l’amour inconditionnel du vivant, dont il est le tuteur responsable de son épanouissement. Cette déportation hors du mouvement de la vie est une désobéissance, une insoumission à la Volonté divine, dont les conséquences sont la disharmonie, le déséquilibre, le chaos. L’âme vivante privée de la Lumière de l’esprit ne peut plus faire connaître sa vérité, dont la reconnaissance et la considération sont nécessaire à son éveil et donc à l’actualisation de son fabuleux potentiel de création.
Pour bien comprendre l’influence perverse dont l’ego peut être l’auteur lorsqu’il fait un mauvais usage des impulsions magnétiques et du mental, appuyons-nous sur quelques exemples :
- Un petit enfant vit une émotion de manière naturelle et saine. Son ego est aligné sur la Lumière du Pur esprit et sur le vivant. Il est centré ; il ressent l’émotion, l’éprouve sans jugement et celle-ci s’écoule librement. Puis, avec la formation de son mental, l’ego assimile l’émotion à quelque chose de mauvais car quand il s’autorise à la vivre, on lui fait comprendre que c’est « mal » et qu’il ne doit pas la vivre s’il veut être aimé. Il va donc croire que cette émotion et mauvaise, et se servir des impulsions magnétiques de répulsion pour la contenir, ce qui aura pour effet de figer l’élan de vie, et donc d’empêcher l’épanouissement de l’âme vivante.
- Une personne adulte, en souffrance, se laisse convaincre que le fait de conformer sa vie à certaines croyances religieuses, lui apportera un « salut ». En conséquence, elle fait usage de son mental et des impulsions magnétiques pour se maintenir dans une certaine ligne de conduite, sans se rendre compte qu’elle continue de « manquer la cible » et que la souffrance de son âme se renforce en arrière-plan, derrière un artifice de faux espoirs qui apportent un réconfort et un sentiment valorisant d’être dans la « vérité ». Parmi ces croyances erronées se trouvent également celles relatives à la sexualité, à l'argent et au corps, jugés à tort comme impurs, de même que celles qui maintiennent la personne dans un sentiment d'impuissance et d'incapacité à s'en sortir par ses propres moyens, persuadée que son « salut » dépend du bon vouloir d'une entité extérieure, face à laquelle elle doit par conséquent faire bonne figure en suivant à la lettre les préceptes moraux de l'organisation ou du mouvement dont elle est membre.
- Un jeune homme quitte son pays et sa famille pour aller vivre le petit Djihad dans un pays lointain, croyant se mettre au service du camp du Bien, sans se rendre compte qu’il se fait manipuler par ses propres illusions, instillées dans son esprit par une organisation elle-même diabolique dans ses intentions et ses actions. Cet ego illusionné, croit bien faire, mais en orientant ainsi perversement la force vitale de l’âme, ne fait que renforcer l’emprise, en lui-même comme en l’adversaire qu’il combat, le « mal » qu’il cherche à détruire.
- Une personne passe son temps à visionner et à lire des contenus sur internet, relatifs à une certaine idéologie à laquelle elle adhère. Elle dépense beaucoup d’énergie à tenter d’ouvrir les yeux à ceux qui sont, croit-elle, dans l’ignorance, et à combattre les idées de ceux qui s’opposent aux siennes. Le fait de donner tort aux autres est une manière de se valoriser à leur dépens, et elle devient dépendante de cette dynamique pour entretenir la couche de vernis superficielle destinée à cacher l’évidence déprimante qu’elle ne fait rien d’utile de sa vie. Pendant ce temps, son âme étouffe.
- Une jeune femme a remarqué que le fait de manger lui apportait un apaisement quand elle se sent stressée ou remuée émotionnellement. Progressivement, elle crée un besoin compulsif de manger à chaque fois qu’elle est en tension, et devient dépendante de ce comportement. La croyance que manger lui fait du bien, est illusoire dans la mesure où l’apaisement n’est que de surface, et que la souffrance est simplement étouffée, anesthésiée, mais toujours bien vivante en arrière-plan. Les impulsions magnétiques d’attraction et de répulsion, associées à certaines pensées obsédantes, deviennent des pulsions incontrôlables dont cette personne devient l’esclave.
- Une jeune fille a un don pour la musique. Elle est repérée par un manager et signe un gros contrat avec une maison de disque. Cédant aux sirènes de la célébrité et de l’argent, croyant que cela lui apportera le bonheur, cette personne vend son âme au diable. Elle n’est plus libre de faire ce qu’elle aime, et son talent est mis au service d’une industrie qui se soucie davantage de ses propres intérêts que de l’épanouissement de l’âme de cette jeune fille.
- Dans son enfance, une personne est sans cesse rabaissée et dévalorisée par ses parents, qui lui font comprendre qu’elle est « incapable », « bonne à rien ». Elle finira par croire que cela est vrai, et à chaque fois que son âme aura l’élan d’entreprendre quelque chose, son ego, identifié à ces fausses croyances, s’interposera et tuera dans l’œuf cet élan. Cette névrose d’échec lui fera « manquer la cible », et fera du mal à son âme.
- A l’adolescence, un enfant passionné par la peinture aurait envie d’entrer à l’école des Beaux arts, mais ses parents ne voient pas cette voie d’un très bon œil, et l’obligent à suivre une voie plus classique pour eux garante d’une plus grande sécurité financière et d’un meilleur statut social, en faisant des études d’économie et de droit. Les parents, identifiés à de fausses croyances, privilégient leurs propres intérêts tout en se persuadant de bien faire pour leur enfant, sans se rendre compte qu’ils empêchent, par là, son âme de s’épanouir dans la vie au travers de sa passion.
- Une personne malade se laisse conditionner par la propagande du lobby pharmaceutique et par les conseils de son médecin qui a un intérêt à faire le commerce de leurs médicaments, qu’elle acceptera de prendre en croyant que cela l’aidera à guérir, alors que cela ne fera que de déplacer le problème et contribuera à intoxiquer et à déséquilibrer davantage encore son âme vivante. Les médecines douces ainsi qu’une action thérapeutique sur la cause psychosomatique de sa maladie, lui auraient permis d’en guérir sans avoir à subir les effets secondaires de l’allopathie moderne.
Nous aurions encore pu ajouter de nombreux exemples, mais cela n’apporterait rien de plus, dans la mesure où nous comprenons déjà bien que l’identification de l’ego à certaines croyances peut dévier son attention de l’essentiel et lui faire utiliser à mauvais escient les impulsions magnétiques d’attraction et de répulsion, avec pour conséquences des déséquilibres tant à l’extérieur, dans le collectif, qu’à l’intérieur, au niveau de l’âme vivante. Le grand paradoxe qui ressort de ces exemples, est que l’ego, bien que sincère et souvent animé des meilleures intentions du monde, fait le jeu de ce qu’il croit combattre, et de ce à quoi il cherche à échapper.
L’illusion est ici produite par l’identification de l’ego à des fausses croyances au sujet de ce qui est bien et de ce qui est mal, de ce qui est juste et de ce qui est faux, de ce qui est vrai et de ce qui est illusoire, de ce qui est utile et de ce qui est inutile, dans une inversion caractéristique de l’esprit diabolique. La personne croit bien faire en orientant son énergie dans une direction, mais en réalité fait le mal puisque par son attitude, elle prive son âme de toute possibilité d’éveil, qui seul peut apporter au monde l’influence positive dont il a besoin pour évoluer vers davantage d’harmonie, de paix, de fraternité, d’amour, de partage, etc.
Le retour sur la voie rédemptrice, celle du juste milieu
La seule manière de revenir sur le droit chemin est de donner une chance à l’âme vivante de s’éveiller, en purifiant l’ego de toutes les fausses croyances et de tous les réflexes conditionnés dont il se sert pour maintenir son emprise sur le vivant. Cela implique d’avoir l’humilité de regarder clairement en soi-même et d’avoir le courage de renoncer aux tentations de l’ego dysfonctionnel, sachant que ce renoncement fera inévitablement remonter à la surface les ombres qu’il maintenait cachées, étouffées, dans le subconscient, derrière une image factice valorisante en surface.
Un sevrage n’est jamais agréable, mais il est en quelque sorte le passage obligé, la « traversée du désert » qu’il nous revient d’entreprendre pour libérer l’âme du poids de son karma résiduel (ses ombres) et de tous les réflexes conditionnés de l’ego qui lui sont attachées.
L’ego ne doit donc pas être détruit, mais bien purifié, par la dissolution des fausses croyances auxquelles il s’identifie et par l’abandon des réflexes conditionnés qui dévient la Lumière de l’esprit hors de l’âme vivante, empêchant cette dernière d’en refléter parfaitement la Lumière. Seul l’ego a le pouvoir, par l’usage de son libre-arbitre, de corriger le tir en revenant sur ce droit chemin de la rédemption. Il s’agit en somme d’un simple changement de regard, par lequel l’ego déchire le voile de ses propres illusions et ouvre ainsi le passage à la Lumière spirituelle qui peut descendre dans l’incarnation et y mettre en mouvement le potentiel vital jusque-là bloqué, stagnant, endormi.
Rien ne sert de chercher à se défaire des fausses croyances en en créant de nouvelles. De même, rien ne sert de se défaire de mauvais penchants en créant de nouvelles habitudes. L’action juste qui nous aligne sur l’axe causal du Pur esprit, se situe dans l’observation bienveillante des illusions et de toutes les énergies qui leur sont liées, afin qu’elles puissent se transmuter sous l’effet de cette observation, tout comme un mirage disparaît par un simple changement d’angle de vue. Alors, sous l’effet de cette repentance, au sens premier de ce terme, l’âme renaît et s’élève dans un flot d’énergie restauré, que les impulsions magnétiques ainsi que le mental pourront accompagner dans sa réalisation sur tous les plans. Dans ce positionnement intérieur, l’ego joue parfaitement son rôle, celui du noble serviteur de l’âme vivante, tuteur de sa force vitale orientée avec justesse.
[1] Le philosophe français René Descartes localisait le siège de l’âme au niveau de la glande pinéale. Si nous voulons être pointilleux dans l'usage des termes, ce n’est pas l’âme qui a son point d'ancrage à cet endroit, mais l’esprit individuel (ego). L’âme vivante, en tant que principe vital, a son siège au niveau du chakra swâdhishthâna. Considérer l’âme et l’esprit comme une seule et même chose, fut une tendance répandue durant la renaissance, alors que la distinction entre ces deux réalités d’ordre différent était clairement établie durant l’antiquité et le moyen âge.
[2] Voir notre article le karma résiduel et sa transmutation.
[3] La nature « magnétique » de cette matrice la situe du côté de la polarité féminine-yin du Divin. Le rayonnement de la Lumière spirituelle, de polarité masculine-yang, au travers de cette « toile » d’impulsions magnétiques, en amoindrit forcément l’intensité lumineuse, tout comme un rayon de lumière issu du Soleil s’affaiblit à mesure qu’il s’éloigne de sa source et se disperse dans l’espace. Ceci explique sans doute le caractère ténébreux du Féminin sacré dans toutes les traditions.
[4] Nous précisons bien qu’il s’agit de l’être humain, car il est le seul, parmi les espèces des différents règnes de la nature, à être doté d’un mental, et par là même, est le seul à disposer du libre-arbitre par la faculté de « connaître le bien et le mal » que lui confère son mental. Selon René Guénon, « il est assurément une forme de la conscience, parmi toutes celles qu’elle peut revêtir, qui est proprement humaine, et cette forme déterminée (ahankâra ou « conscience du moi ») est celle qui est inhérente à la faculté que nous appelons le « mental », c’est-à-dire précisément à ce « sens interne » qui est désigné en sanscrit sous le nom de manas, et qui est véritablement la caractéristique de l’individualité humaine. ». Extrait tiré de l'ouvrage « Les États multiples de l'Être », Éd. Véga, 1957.
[5] Extrait de l’ouvrage « Pensées et Aphorismes - tome 1 », Éd. Buchet-Chastel, 1975.
[6] Extrait de l’ouvrage « La Voie du Non-attachement », Éd. Dangles, 1979
[7] Croire faire le bien ne signifie pas qu’on fasse effectivement le Bien suprême (la Volonté divine), car la « connaissance du bien et du mal » inverse bien souvent les rapports, comme nous le verrons plus loin.
[8] Le rapprochement entre l’homme et le mental est justifié par l’étymologie. Comme le fit remarquer René Guénon : « Ce n’est pas sans motif non plus qu’une même racine man ou men a servi, dans des langues diverses, à former de nombreux mots qui désignent d’une part la lune (grec mênê, anglais moon, allemand mond), et d’autre part la faculté rationnelle ou le « mental » (sanscrit manas, latin mens, anglais mind), et aussi, par suite, l’homme considéré plus spécialement dans la nature rationnelle par laquelle il se définit spécifiquement (sanscrit mânava, anglais man, allemand mann et mensch) ». Source : article « Coeur et Cerveau », publié dans la revue Regnabit, janvier 1927.
[9] C’est là aussi tout le symbolisme initiatique que l’on retrouve dans l’affrontement entre le guerrier armé de son épée, et le dragon qui garde l’accès à un fabuleux trésor.
[10] Voir notre article la rectification, ou l’alignement sur la Volonté divine.
[11] Extrait tiré du livre « La pratique du Yoga intégral », Éd. Albin Michel, 1976, p. 299.
Questions-Réponses
2) Être en bonne santé signifie-t-il être évolué spirituellement ?
3) Peut-on être sous l’influence dysfonctionnelle de l’ego et être en équilibre malgré tout ?
4) Certaine personnes peuvent-elles être totalement diabolique, consciemment ou inconsciemment ?
5) Il est impossible de se débarrasser de l’ego !
Posez-nous vos questions en nous écrivant via le formulaire de contact
Droit de reproduction : voir encadré ci-dessous