Argent et spiritualité, est-ce compatible ? (avec vidéo)

A moins de vivre en autarcie dans la clandestinité, ou d’avoir intégré une communauté dont les échanges sont basés sur le troc, il est aujourd’hui impossible de se passer totalement d’argent. Compte tenu des dérives dont l’argent fait l’objet et de l’éveil des consciences au sein du collectif humain, de plus en plus de gens se posent des questions à ce sujet, dans le but de trouver le juste équilibre leur permettant d’être en accord avec leurs valeurs sans pour autant basculer dans la précarité. Dans cet article, nous nous donnons pour objectif de traiter cette problématique de l’argent, en faisant un tour d’horizon des croyances les plus répandues à son sujet, et en présentant également ce que nous estimons être un rapport sain à l’argent, lui permettant d’être à sa juste place dans la quête spirituelle.

De nombreuses personnes engagées dans une quête spirituelle sont tiraillées intérieurement au sujet de l'argent. Deux mouvements s'opposent en elles, avec d’un côté l’élan de vivre leur vie rêvée, dans l’abondance, la liberté et la légèreté, et de l’autre, l’impérieuse nécessité de se libérer des mauvais penchants de l’ego et de toutes les choses dont il peut se servir pour garder son emprise sur la personnalité, parmi lesquelles se trouvent évidemment… l’argent. Plutôt que de faire face au sentiment culpabilisant de s’être égarées spirituellement, ces personnes vont s’interdire de recevoir l’argent dont elles ont pourtant besoin pour s’émanciper dans leur créativité librement vécue, empêchant par conséquent cette émancipation pourtant ardemment souhaitée en leur cœur. A cause de certaines croyances, elles répriment leur élan de vie, et en éprouve un sentiment de frustration et de tristesse, avec les conséquences fâcheuses que cela peut engendrer sur leur état de santé, à la fois physique et psychologique.

Si la répression de l’élan vital de l’âme, n’est jamais juste, le questionnement par rapport à l’argent est quant à lui tout-à-fait légitime et même nécessaire, car le chaos écologique et social dans lequel est plongé le monde moderne, avec l’inversion et la superficialité des valeurs, les inégalités sociales, les conflits, les pollutions et les corruptions qui le caractérise, est en partie lié à la mauvaise utilisation de l’argent (et non à l'argent lui-même, nous reviendrons sur ce point...).

Déconnectée du sacré et rebelle face aux lois naturelles qui participent à l’éveil du vivant et par conséquent à son équilibre, la grande majorité des êtres humains cherche le sens de son existence dans la recherche du plaisir éphémère, sans effort, ainsi que dans l’obtention d’un statut social qui dépend du pouvoir et de la possession de certains biens matériels, dans le but d’obtenir une valorisation qui bien souvent est destinée à faire illusion en cachant les blessures de l’âme. Pour l’argent et l’identité valorisante qu’il leur permet de se construire, certains seront prêts à renoncer à leurs aspirations profondes, à plus forte raison si elles s’écartent trop de ce que la société de consommation a choisi d’ériger en norme absolue de réussite et de performance. Certains préfèreront en effet renoncer à leurs rêves d’enfants en les remplaçant par ceux que le système aura choisi pour eux, dont la réalisation leur évitera de vivre la souffrance provoquée par l’humiliation et la stigmatisation dont sont la cible ceux qui osent sortir des sentiers battus pour suivre leur propre voie. Pour la majorité, le bonheur est vécu non pas en conséquence de l’épanouissement de l’âme vivante, mais de l’assurance de faire partie des standards de réussite et de performance établis par la société elle-même. Il s’agit-là bien évidemment d’un bonheur de surface, artificiel, tout fragile dans la mesure où il est dépendant du mode de vie et de l’argent qui permet de l’entretenir.

 

L’argent est-il mauvais en soi ?

aucoeurduvivant argent elan sarroCette société décadente qui inverse les valeurs, et qui nous rend dépendant de leur vaine réalisation, est à l’image de la Babylone de l’ancien temps. C’est la Grande Prostituée que l’on paie pour avoir le droit d’éprouver de la satisfaction, du plaisir, en croyant que ce plaisir nous place dans la justesse puisque c’est la norme recherchée par la majorité. L’argent est au service de cette recherche de plaisir éphémère puisque c’est le moyen privilégié à notre disposition pour l’obtenir. De même, on peut dire que l’argent est également au service de ce système, puisque c’est le moyen par lequel celui-ci peut nous garder sous son emprise. Ce constat impose une précision importante : les nombreuses dérives du système, de même que celles liées à l’utilisation malsaine de l’argent, ne sont pas la cause du problème, elles n’en sont que la conséquence.

La véritable cause du chaos dans lequel nous vivons, c’est l’identification à l’ego et le déséquilibre qu’il crée dans la psyché humaine, dont les paroles et les actes seront, par voie de conséquence, à leur tour source de déséquilibre dans le monde extérieur. En effet, le problème prend racine dans l’esprit de l’être humain ; c’est son avidité, sa recherche du pouvoir et la corruptibilité qu’elle implique, sa volonté d’étouffer la souffrance par la recherche de stimulations artificielles, sa méprise des lois du vivant, son orgueil et son insoumission face à la Volonté divine, qui sont les seuls et uniques responsables des malheurs de la planète et de la souffrance des âmes vivantes qui la peuplent (tous règnes de la nature confondus : humain, animal, végétal et minéral).

Nous nous devons de préciser cela pour éviter de croire que la solution se trouve dans l'abandon de l'argent, comme certains esprits dissidents aiment à le penser, pas seulement par idéologie, mais aussi et surtout parce que si l'argent n'existait plus, il ne serait plus nécessaire de faire des efforts pour le gagner, et ils pourraient ainsi se complaire librement dans l'oisiveté, servant ainsi les intérêts de l'ego dans sa recherche de facilité, forcément nuisible pour l'âme vivante. De plus, croire que la suppression de l'argent résoudrait tous les problèmes est une grande illusion, car cela ne garantirait en rien le traitement de la cause du mauvais usage dont l'argent est l'objet, qui sont les dysfonctionnements de l'ego (avidité, orgueil, recherche de pouvoir, etc.). Si l'argent n'existait plus, et que la racine du problème était toujours présente dans l'esprit de l'être humain, d'autres moyens seraient utilisés, à mauvais escient, et on aboutirait inévitablement aux mêmes dérives.

Beaucoup militent en faveur d'un monde plus juste et nous reconnaissons bien volontiers la sincérité et l'énergie émotionnelle dépensée pour promouvoir de nouvelles idées, mais il ne faut pas se leurrer sur les ruses avec lesquelles l'esprit de division peut nous illusionner en inversant les rapports, faisant passer la conséquence d'un problème pour sa cause, pour que cette dernière passe inaperçue. En faisant ainsi diversion, il est à l'abri et peut maintenir son emprise sur la personnalité.

Le raisonnement qui consiste à décréter que l’argent, au même titre que tout ce qui appartient à la dimension matérielle, est « mauvais » parce que cela a servi aux pires abominations, n’est donc pas concluant. L’argent est neutre, c’est un moyen d’échange pratique qui n’a pas de pouvoir en lui-même, pas plus qu’il n’a d’âme. N’ayant pas d’âme, l’argent ne peut être l’auteur d’aucune action par lui-même, et ne peut donc être coupable d’aucun mal. C’est l’usage qui en est fait, par l’être humain, qui peut être bon ou mauvais ou qui peut, ce qui revient au même, engendrer de l’harmonie ou de la disharmonie. Cette remarque vaut également pour la technologie. Prenons l’exemple d’internet ! Cette invention de l’homme, peut aider l’âme à s’épanouir dans l’exercice de sa vocation, ou au contraire être utilisée par l’ego et nuire à cette même âme, en déviant l’attention et l’énergie vers des distractions et des activités aussi vaines qu’inutiles. Qu’il s’agisse de l’argent, de moyens technologiques et de toutes les autres choses matérielles, c’est l’intention et la manière de les utiliser qui font le bien ou le mal.

Tout ce qui n’est pas utile à l’épanouissement du vivant, engendre le mal et pervertit, et tout ce qui lui est utile, engendre le bien et anoblit. »

Toute cause produit des effets. La nature des effets dépend de la nature de la cause. Si la cause est disharmonieuse, les effets sont disharmonieux également. L’inverse est tout aussi vrai : si la cause est harmonieuse, les effets sont harmonieux également. Les causes sont créées au niveau de l’esprit. Une pensée, qu’elle soit prolongée ou non par une action physique, entraîne un ensemble de conséquences en cascade, qui seront plus ou moins harmonieuses en fonction de la nature de cette pensée. Le bien et le mal prennent racine dans cette dimension causale, c'est-à-dire dans l’esprit de l’être humain, et c’est donc à ce niveau-là que ce dernier fait l’usage de son libre-arbitre, pour faire le bien ou faire le mal. Lorsque nous parlons de « faire le bien », nous voulons parler de l’alignement sur la Volonté divine, incarné par toutes les pensées, paroles et actions qui participent à l’épanouissement du vivant, donc à l’harmonie, l’équilibre, l’ordre, la santé, la joie, la paix, la créativité, etc. Lorsque nous parlons de « faire le mal », nous entendons tout ce qui s’oppose à la Volonté divine, et qui fait par conséquent celle de l’ego, aboutissant aux effets inverses : disharmonie, déséquilibre, chaos, souffrance, maladie, guerres, oisiveté, etc.

Nul ne peut servir deux maîtres. Car, ou il haïra l'un, et aimera l'autre; ou il s'attachera à l'un, et méprisera l'autre. Vous ne pouvez servir Dieu et Mamon. » (Matthieu 6:24)

 

Quel Maître sert-on ?

On ne peut à la fois faire la Volonté divine, et faire la volonté de l’ego. Soit on est aligné sur la Volonté suprême et spirituelle, soit on est identifié aux schémas de l’ego. Soit on est dans le juste milieu, soit ont est déporté dans les extrêmes. C’est ce que Jésus a voulu dire dans la citation ci-dessus. Servir Dieu, c’est faire la Volonté divine, et servir Mamon, c’est faire la volonté de l’ego, ou plus précisément, c’est utiliser l’argent pour servir les intérêts de l’ego. Faisons remarquer que Mamon n’est pas l’argent, mais la personnification de la perversion de l’argent par l’ego, qui en fait mauvais usage pour servir ses propres intérêts, opposés à ceux de l’âme.

À cause de cette erreur d’interprétation, beaucoup de croyants ont assimilé l’argent au mal lui-même, créant en conséquence un lourd sentiment de culpabilité. Cette erreur d’interprétation s’est d’ailleurs étendue aux choses matérielles, d’une manière générale, principalement pour tout ce qui relève du corps et de la sexualité. La dimension matérielle a été diabolisée, au même titre que les besoins naturels de l’âme vivante ainsi que les choses matérielles qui l’aident à satisfaire ses besoins, dont fait partie l’argent bien sûr. Cette incompréhension a eu de graves conséquences, car en diabolisant la matière et en s’en dissociant, c’est les besoins légitimes de l’âme qui ont été réprimés et refoulés. En croyant faire la Volonté divine, c’est celle de l’ego que l’on fait, dans cette tendance diabolique à faire passer une chose pour son contraire. Comme le dit l’adage : « l’enfer est pavé de bonnes intentions ».

L’épisode de Jésus s’adressant aux marchands du temple a également été mal compris. Là aussi, l’argent n’était pas en cause. Ce qu’il fallait comprendre, c’est la mise en garde contre la tentative d’enrichissement au détriment des autres, avec la corruption, la manipulation et l’avidité qui en découlent. C’est l’état d’esprit des marchands contre lequel Jésus s’est révolté, et non contre l’argent lui-même. Or, en faisant injustement l’amalgame entre le mal et l’argent, les gens ont basculé dans l’autre extrême, s’interdisant et se culpabilisant de le revendiquer en paiement de leur créativité. Dans le monde moderne, nous retrouvons les deux extrêmes, avec d’un côté la tendance à valoriser l’argent au point d’en faire un but en soi, et de l’autre, celle qui consiste à le diaboliser. Dans un cas comme dans l’autre, c’est l’ego qui est aux commandes et qui pervertit le rapport à l’argent. La voie des extrêmes est toujours celle de l’ego, et cela est nuisible pour l’âme vivante, qui ne peut se réaliser à cause des fausses croyances auxquelles s’identifie l’esprit de l’individu, et qui lui font manquer la cible, qui n’est autre que la voie du juste milieu. Si cet individu parvient à se défaire de ses fausses croyances et à renoncer aux stratégies de son ego, il se donne une chance de quitter les extrêmes et de revenir au centre, dans le juste milieu, pour faire la Volonté divine.

Rappelons que faire la Volonté divine, c’est faire ce qui est utile à l’épanouissement de l’âme. Si, pour cela, nous utilisons l’argent à bon escient, alors l’argent est un moyen au service de cet objectif. Si, par contre, nous privilégions les intérêts de notre ego et que nous utilisons l’argent à mauvais escient, nous manquons la cible, nous nous rebellons face à la Volonté divine, et nous basculons dans une extrême ou dans une autre.

L'essentiel est de ne pas inverser les rapports, en faisant de l’argent quelque chose d’absolu. L'argent doit rester un moyen, et ne doit pas devenir une fin en soi. Le matériel doit servir la réalisation du spirituel, tout comme le cercle sert à trouver le centre. »

En guise de conclusion, disons que l’argent a donc tout-à-fait sa place dans la quête spirituelle, au même titre que tout ce qui lié de près ou de loin à la matière (la sexualité, le corps, la technologie, etc.), du moment où cela sert l’épanouissement de l’âme, son éveil, sa guérison, sa régénération. Tout ce qui participe à ce noble idéal est fondamentalement juste. Nous ne pouvons faire à la fois ce qui est juste et utile pour notre âme, et faire le mal ; nous ne pouvons être en même temps alignés sur la Volonté divine, et faire la volonté inférieure de l’ego. Si nous souhaitons grandir en conscience et devenir des forces actives du changement, nous devons apprendre à reconnaître, avec sagesse, les stratégies de notre ego et faire l’effort d’y renoncer. En renonçant à faire usage des choses de ce monde pour servir l’ego, mais en les mettant au service de l’éveil de l’âme, le chaos disparaîtra progressivement. Notre pouvoir et notre responsabilité se situent à ce niveau-là, et plus nous serons nombreux à nous investir dans cette quête de justesse, plus la force de changement sera puissante.

 

En complément à ce texte, nous vous invitons à regarder cette vidéo. Vous y découvrirez notamment quelques exemples concrets permettant de mieux comprendre les pièges dans lesquels il est possible de tomber, en ce qui concerne notre rapport à l'argent. 

 

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Citation inspirante

C'est en faisant le bien que l'on détruit le mal, et non en luttant contre lui. C'est en cultivant l'amour que l'on détruit la haine, et non en l'affrontant. C'est en faisant croître la lumière que l'on triomphe de l'obscurité, et non en lui livrant combat.

Charif Barzouk,

philosophe berbère de tradition orale,

de la première moitié du 20e siècle.