L'éveil et le piège de la dispersion (avec vidéo)
Qu'est-ce qui nous empêche de vivre l'éveil de notre véritable nature ? Voyons qu'il n'y a en somme pas autre chose à faire que d'éviter de nuire à notre âme qui aspire à s'éveiller à chaque instant, par un processus mystérieux qu'elle est la seule à connaître et à maîtriser. Ce processus d'éveil est redouté par notre ego car il n'est pas toujours des plus agréables dans la mesure où il nous fait revivre nos ombres intérieures. Pour éviter la souffrance, notre ego nous déporte vers l'extérieur, à la recherche de sources de stimulation : c'est le piège de la dispersion !
L’éveil est indéniablement le thème central et le but de la pratique spirituelle. Nombreux sont les êtres qui cherchent aujourd’hui à atteindre l’éveil pour se libérer de la souffrance, s’épanouir dans la vie, ou même réaliser la Non-dualité métaphysique. Si cette aspiration à l’éveil est toute naturelle puisque tout être recherche le bonheur et la plénitude, encore faut-il bien comprendre ce que l’éveil est réellement afin de ne pas s’en faire une fausse représentation qui serait dangereuse, dans la mesure où elle peut être un obstacle à sa réalisation. Notre expérience des milieux spirituels et l’ensemble de nos recherches et réflexions sur ce thème nous ont montré que la noble intention de vivre un éveil spirituel ne mène pas toujours au résultat espéré, et que c’est parfois tout l’inverse qui se produit. En effet, en souhaitant atteindre l’éveil, nombreux sont ceux qui lui font barrage et lui nuisent carrément. Cela fait partie des illusions et des pièges qui parsèment le chemin spirituel, et qu’il convient de déjouer pour s’établir dans le bon positionnement intérieur, qui n’est pas celui qui produit l’éveil, mais qui lui permet de se produire (la nuance est importante).
La chose la plus importante à comprendre est que l’éveil ne peut être produit par un effort de volonté consciente. Utilisons une image : nous ne pouvons pas faire pousser la fleur, mais nous pouvons l’empêcher de pousser en l’exposant à des nuisances ou favoriser son épanouissement en lui offrant les conditions de vie dont elle a besoin pour cela. Il en va de même pour l’éveil de notre âme, qui peut être symboliquement assimilé à l’épanouissement d’une fleur. L’éveil est le fait d’une intelligence suprême, celle de l’âme, à laquelle l’intelligence rationnelle ne pourra jamais se substituer. L’intelligence humaine est capable de prouesses technologiques extraordinaires, mais elle est incapable de faire pousser un brin d’herbe. Cette intelligence suprême de l’âme qui anime toute forme de vie ne peut être créée ni même imitée… tout ce que nous pouvons faire à notre humble niveau, est d’éviter de lui nuire afin qu’elle puisse se « déployer », c’est-à-dire s’éveiller, s’épanouir, dans l’expression libre de sa nature.
Le mariage alchimique qui produit l'éveil
L’éveil de l’âme vivante est ce que nous assimilons au libre écoulement de l’énergie vitale à l’intérieur du corps, qu’il s’agisse d’un corps humain ou de toute autre manifestation dense dotée d’une conscience (animal, végétal, et même… minéral). Lorsque les conditions favorables sont réunies, l’âme s’éveille naturellement et harmonieusement, conformément à sa vocation qui est de se déployer pour rayonner sa vibration sous la forme de l’amour, de la beauté, de la créativité, de la sagesse, etc. Dans un milieu naturel dépourvu de pollutions, l’éveil se produit harmonieusement car aucune nuisance ne vient s’y opposer. La forme de vie reçoit la nourriture dont elle a besoin pour se développer et manifester ses possibilités de création. Ce qui se passe dans le milieu naturel peut être utilisé pour expliquer le processus d’éveil à l’intérieur de l’être humain, selon la loi de l’analogie. Prenons l’image de la graine. Celle-ci a besoin de la nourriture offerte par la terre et de l’influence du soleil pour devenir une plante et produire un fruit, qui déposera dans la terre d’autres graines pour perpétuer son espèce. La terre et la lumière du soleil sont des symboles du Principe féminin et du Principe masculin. Lorsque ces deux principes sont réunis, la graine peut manifester son potentiel, par sa croissance. Il en va de même pour l’être humain, qui ne peut s’éveiller (s’épanouir) qu’à la seule condition que puissent librement s’unir, en lui-même, les Principes complémentaires féminin et masculin, c’est-à-dire le matériel et le spirituel, le corps et l’esprit. L’âme vivante, que nous assimilons à l’énergie vitale (chi), est donc le fruit de l’union des deux principes complémentaires. Dans la tradition chrétienne, c’est le Fils (le Christ) qui naît de l’union de la Vierge et du Saint-Esprit. En terme alchimique, c’est la Pierre philosophale, produite par l’union du Soufre (Principe masculin) et du Mercure (Principe féminin), qui est la force d’amour capable de réaliser l’œuvre de transmutation, c’est-à-dire la guérison, la régénération et l’illumination sur le plan intérieur.
Sur le plan biologique, l’énergie est produite par la combinaison (l’union) de l’oxygène et du carbone. C’est une analogie de la rencontre des deux principes complémentaires : spirituel (esprit-souffle) et matériel. Sur le plan de l’être humain, le déploiement libre et fluide de l’énergie vitale, c’est-à-dire l’éveil, ne peut se produire sans un apport d’oxygène optimal au corps, par une respiration fluide et profonde. Or, dans notre monde moderne, l’âme ne bénéficie pas d’un « environnement » propice à son épanouissement. Les nombreuses sources de stimulations sensorielles, qu’il s’agisse de pollutions exogènes ou endogènes (bruits, produits chimiques, toxicité de l’alimentation, images) ou de pensées anxiogènes, sont autant de nuisances qui excitent la branche sympathique du système nerveux autonome et empêchent la respiration d’absorber le souffle vital dont le corps a besoin pour produire et mettre en mouvement l’énergie vitale.
Les nuisances qui empêchent l'éveil
Le monde moderne empêche l’éveil. Symboliquement, il agit à la manière d’un voile qui s’interpose entre le spirituel (le souffle) et le matériel (le corps). Cette influence qui divise, sépare, est bien entendu également présente en l’être humain. C’est le principe de la division, l’ego, qui empêche la Lumière de l’esprit de s’unir au corps en déviant l’attention hors de ce dernier. L’identification à un ensemble de schémas de pensée maintient l’attention en périphérie de soi-même, dans une sorte de brouillard hypnotique qui déconnecte du corps et de tous les phénomènes qui s’y manifestent, et qui sollicitent l’attention de l’esprit pour être mis en lumière, écoutés, conscientisés. Cette identification inconsciente à ces schémas de pensée est une source de stress, qui contribue également à activer la branche sympathique et, par conséquent, à rendre la respiration superficielle. L’individu fait une expérience superficielle de lui-même et prive son âme du souffle vital dont elle a besoin pour s’éveiller. Cette « fermeture » se reflète au niveau du corps, par une respiration bloquée par des crispations musculaires, qui produisent des déchets et une dépense inutile d’énergie vitale. Celle-ci n’étant pas disponible en quantité suffisante et qui plus est, entravée dans sa circulation par cet ensemble de « voiles », elle ne peut accomplir son œuvre de transmutation.
Pour que l’énergie vitale puisse circuler de manière fluide sur tous les plans de l’être, son passage dans les canaux d’énergie (les méridiens de la médecine chinoise), doit être libéré. S’il y a des blocages qui obstruent ce passage, l’énergie vitale va naturellement chercher à la débloquer, en les poussant, à la manière d’eaux vivres qui pousseraient des eaux stagnantes. Ce déblocage est précisément la transmutation alchimique du plomb (énergie bloquée) en or[1] (énergie en libre circulation), ou de l’ombre en lumière. Comme nous l’avons vu, le propre de l’énergie vitale est d’œuvrer pour l’épanouissement de l’être. Elle aspire à réaliser cette œuvre d’illumination intérieure à chaque instant, à condition qu’elle reçoive ce dont elle a besoin pour le faire. Si la respiration est entravée, le souffle (Principe masculin) ne peut s’unir au corps (Principe féminin) et l’éveil ne peut se produire. A contrario, lorsque les conditions sont réunies, l’énergie vitale peut réaliser son œuvre de transmutation et l’éveil se produit librement. Sur le plan psychique, cette libre circulation de l’énergie éveille les centres psychiques (chakras), qui s’ouvrent à la manière d’une fleur. Cet épanouissement produit un changement d’état de conscience chez celui ou celle qui le vit. Le cœur s’ouvre, le sentiment d’unité s’approfondit, et l’être gagne en confiance, sagesse, créativité, compassion, etc. Ce n’est que par cet épanouissement qu’il peut atteindre l’équilibre et donner le meilleur de lui-même. Tant qu’il se laisse perturber par des nuisances de toute sorte (qu’elles soient extérieures ou mentales), l’éveil ne peut se produire, et il ne peut réaliser son plein potentiel.
Pour offrir à son âme les conditions propices à son éveil, l’individu doit donc veiller à supprimer les sources de nuisances. C’est tout ce qu’il a à faire à « son niveau », car encore une fois, ce n’est pas lui qui peut produire l’éveil. Pour reprendre la formule antique d’Hippocrate, il importe d’abord de ne pas nuire (en latin : primum non nocere). Lorsque les nuisances sont supprimées, tant sur le plan extérieur que mental[2], la branche parasympathique du système nerveux se relance automatiquement et la respiration se fluidifie, apportant au corps le souffle vital dont il a besoin pour produire et mettre en mouvement l’énergie vitale, de façon harmonieuse. Celle-ci peut alors procéder à la transmutation alchimique. Bien entendu, plus le milieu extérieur sera riche en oxygène et en prâna, comme peut l’offrir la proximité avec la nature, plus l’éveil peut se produire harmonieusement. Il est clair que les milieux hyper-pollués des centres urbains n’offrent pas les conditions optimales à ce niveau, et qu’un contact régulier avec la nature est à rechercher dans la mesure de nos possibilités.
Accepter la traversée en eaux troubles
Cet apport optimal de souffle vital est comme une mise en lumière de l’ombre. Les nuisances symbolisées par ce « voile » étant supprimées, l’ombre se révèle et retrouve son mouvement. Cette transmutation est en principe désagréable au moment de son entame. L’énergie vitale bloquée qui retrouve son mouvement se ressent et elle peut occasionner des symptômes ou des états d’âme lourds. Ce passage obligé, qui est une véritable « descente aux enfers » au sens mystique de l’expression, est parfois si désagréable que notre ego va le refuser dès qu’il commence à se produire. Alors qu’il faudrait idéalement veiller à offrir les conditions favorables au déroulement de cette transmutation, jusqu’à son terme, l’ego cherche à l’interrompre pour échapper à la souffrance qui l’accompagne. Ce n’est pas sans raison si les grands sages ont parlé de l’importance de l’abandon à la souffrance. Paradoxalement, c’est l’absence de toute volonté d’échapper à la souffrance qui permet de la transmuter en joie, en amour, en paix, et en toutes les vertus de l’état d’éveil. Pour échapper à la souffrance, l’ego va chercher la dispersion vers des sources de stimulations dans le but de créer un stress et d’activer la branche sympathique. Alors, non seulement l’énergie vitale est privée du rythme produit par le souffle vital dont elle a besoin pour se mettre en mouvement et procéder à la transmutation, mais elle va également être déviée vers les perturbations produites par le stress, afin de « limiter les dégâts » en priorité. L’énergie vitale ne pouvant plus poursuivre la transmutation, la souffrance disparaît, et un apaisement ainsi qu’une satisfaction sont éprouvés.
A la longue, les mécanismes de déportation vers des sources de stimulations vont devenir des dépendances. Tous les moyens seront bons pour éviter de vivre cette transmutation désagréable. Le monde actuel offre un large choix de sources de stimulations diverses et variées permettant de « s’anesthésier ». La grande prostituée, Babylone, est source de mille et une tentations et il faut être résolument déterminé à renoncer aux plaisirs éphémères qu’elle nous offre pour plonger dans l’obscurité et affronter nos ombres intérieures. Nous ne passerons pas en revue l’ensemble des sources de stimulation dont nous pouvons devenir dépendants. Nous préciserons simplement que ces sources de stimulation peuvent parfois provenir du domaine « spirituel » lui-même. Combien de personnes tombent en effet dans une sorte de boulimie d’informations sur tout ce qui touche à l’éveil spirituel, et qui se maintiennent ainsi en périphérie d’elles-mêmes. Si la recherche de compréhension est bien entendue nécessaire au départ puisqu’il faut bien savoir comment s’y prendre pour permettre à l’éveil de se produire en soi-même, encore faut-il pouvoir se concentrer sur l’essentiel une fois que cette compréhension a été acquise, pour VIVRE les choses concrètement. Il est si tentant de se rendre dépendant d’enseignements spirituels. On attend impatiemment la prochaine parution, le prochain livre, la prochaine vidéo, de tel ou tel enseignant, et on ne se rend pas compte qu’on continue de passer à côté de l’essentiel. Que l’on soit tourné vers des sources de stimulations en provenance d’un domaine matérialiste ou spirituel ne fait aucune différence, car dans les deux cas la Lumière de l’esprit est détournée (par l’ego) hors du vivant, et l’exposition à ces stimuli empêche l’éveil de l’âme de se produire.
Nous souhaitions à nouveau expliquer ce mécanisme de déportation impulsé par l’esprit de division (ego), afin de pouvoir bien le reconnaître en soi-même et le maîtriser par notre conversion, c’est-à-dire par le réalignement sur le vivant, au cœur de soi-même. Un jour ou l’autre, il faut se rendre à l’évidence que nous ne pourrons pas faire l’économie de ce passage désagréable de la mise en lumière de l’ombre si l’on souhaite grandir en conscience et vivre l’épanouissement de l’âme, préalable incontournable de sa réintégration dans l’Absolu.
Renoncer aux tentations de l’ego qui nous disperse, et revenir au centre, est l’action juste qui nous place dans la voie du juste milieu. C’est là notre responsabilité et notre devoir, nous qui sommes animés par cette volonté de nous mettre au service du vivant et de son épanouissement.
Surtout, y aller en douceur...!La suppression des sources de stimulation doit se faire en douceur, progressivement. Tout supprimer d'un coup pourrait avoir pour effet de lever le voile brusquement sur les énergies bloquées qui étaient jusque-là maintenues dans l'ombre, et cette mise en lumière pourrait être très pénible à vivre suivant la nature et l'ampleur des remontées. Face à un dévoilement d'une telle intensité, le mal-être et les symptômes d'élimination pourraient en effet être difficiles à accueillir et générer des tensions et de la négativité en excitant le système nerveux, ce qui n'est évidemment pas le but recherché. Il ne faut donc pas forcer les choses et respecter les capacités d'élimination du corps et de l'âme. On débutera par la réduction de certaines sources de stimulation et de nuisances, en veillant à bien accompagner la revivescence de certaines états d'âme, par la présence consciente accordée à ses manifestations (pensées et émotions), au fur et à mesure qu'elle se produit, et en prenant également les mesures nécessaires pour aider l'organisme dans son élimination et son retour à l'équilibre (relaxation, oxygénation, hydratation, exercice physique léger, etc.). Voir à ce titre notre article sur l'importance fondamentale de la respiration, où nous apportons plus de précisions au sujet de cette démarche de sevrage. |
[1] Comme le disait l’alchimiste et médecin suisse Paracelse (1493-1541) : « l’or des philosophes grâce auquel les sages s’enrichissent n’est pas cet or dont on fait la monnaie ».
[2] Comme nous l’avons déjà expliqué, une partie de notre cerveau ne fait pas la différence entre un stimulus produit par la pensée et un même stimulus provenant de la réalité extérieure. Dans les deux cas, les nerfs sensoriels sont stimulés, ce qui peut produire un stress selon la nature de ce stimulus, et activer la branche sympathique du système nerveux. C’est ainsi que des personnes, bien qu’elles ne soient pas exposées à des facteurs de stress dans leur environnement, vivent un stress chronique dont la cause est leur identification à certains schémas de pensée « négatifs ».
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