Se convertir, oui, convertir autrui, non (avec vidéo)

Un thème sensible que celui de la conversion. Explorons ce thème sous l'angle de vue ésotérique, et découvrons que la conversion à laquelle nous ont conviés les grands Maîtres, est avant tout une aventure intérieure, durant laquelle on revient vers soi, en se plaçant dans un état d'esprit qui favorise l'éveil de l'âme.

Quand on parle de « conversion », on pense immédiatement au choix d’une confession. Un tel s’est converti à l’islam, un tel s’est converti au bouddhisme, un tel s’est converti au christianisme. Se convertir est perçu dans l’esprit de la majorité des gens comme un changement de religion. Beaucoup d’entre-nous ont sans doute également eu affaire à certaines personnes dont la volonté était de nous convertir à leur système de croyance, avec un prosélytisme parfois autant agressif que culpabilisant.

A notre sens, cette action qui consiste à convaincre une personne d’abandonner sa religion pour une autre, en lui faisant croire que cette dernière est la seule voie pour trouver Dieu, est une déformation pure et simple de l’enseignement des sages. Si ceux-ci parlaient effectivement de l’importance de la conversion et de la repentance, qui sont deux notions très proches, ils n’invitaient pas à convertir autrui à leur « vision du monde » ni même à leur noble cause, mais à opérer un retournement sur le droit chemin. Le mot « conversion » vient du grec épistréphô, qui exprime en effet l’idée d’un retournement, par lequel on se replace sur la voie du juste milieu, celle de l’action juste, après s’être laissé déporter et chuter en périphérie de soi-même, dans le monde des illusions, où notre identification à l’esprit de division (ego) nous faisait perdre de vue l’essence divine de toutes choses, que nous ne pouvons reconnaître qu’après avoir reconnu la nôtre, qui trouve sa source en notre cœur, en notre centre.

Dans la science alchimique, cette conversion, ou retour vers soi, marque le passage de l’œuvre au noir (putréfaction) à l’œuvre au blanc (la régénération). C’est la sortie de « la nuit noire de l’âme » qui s’effectue par une « descente aux enfers », expression symbolique de cette épreuve initiatique durant laquelle nous acceptons inconditionnellement nos ombres intérieures et la souffrance qu’elles portent en elles. La conversion est la rectification qui consiste en ce réalignement sur cette voie médiane du juste milieu, qui est en réalité un changement d’état d’esprit, qui nous fait passer de l’identification aux schémas de fonctionnement de l’ego, à la vision pénétrante de l’esprit, focalisée sur la vérité intérieure qui s’exprime en l’ici et maintenant : le vivant. Si la déportation en périphérie du centre, par l’identification aux schémas de l’ego, est une chute au sens biblique du terme, le retour au centre est une élévation, un redressement intérieur.

aucoeurduvivant labyrinthe conversion elan sarroNous retrouvons également ici le symbolisme du labyrinthe, dont la sortie se situe (paradoxalement) en son centre, là où se trouve le gardien du seuil (l’ego qui occulte l’ombre) duquel il va falloir triompher pour s’élever spirituellement pour, finalement, réintégrer le royaume de Dieu. Cette conversion qui nous place au centre est une mort initiatique, qui coïncide avec la seconde naissance. C’est un changement d’état intérieur, durant lequel ce qui était en putréfaction se régénère et « retrouve un second souffle ». L’ombre se transmute en lumière grâce à cette rectification, ce réalignement, sur la Lumière de l’esprit qui seule peut trancher le voile d’occultation de l’ego, qui maintient le vivant (l’énergie vitale) bloqué, crucifié, prisonnier dans l’ombre. Ainsi restaurée par cette mise en lumière spirituelle, l’ombre retrouve son mouvement et « revient à la vie ». Elle peut alors s’élever en direction du royaume de Dieu.

C’est à cette renaissance intérieure que Jésus faisait selon nous allusion lorsqu’il invitait ses disciples à naître de l’eau et de l’Esprit, expression symbolique de l’union entre les deux Principes divins complémentaires que sont le Féminin et le Masculin, qui donne naissance au vivant, c’est-à-dire à cette force d’amour qui est l’énergie vitale en mouvement. Lors de ce mariage alchimique, le Féminin et le Masculin « font l’amour » ensemble. L’amour est le fruit de cette union, un fruit de vie, l'âme vivante en soi-même. La conversion permet ainsi au vivant de revivre en soi-même. La rectification alchimique lui permet d’être élevé, élévation qui est une action de guérison, d’harmonisation, de purification, de régénération, d’illumination intérieure.

Par cette renaissance, nous retrouvons la fluidité qui était la nôtre durant notre prime enfance. Ce n’est pas sans rapport si Jésus faisait allusion à la nécessité de redevenir comme de petits enfants pour pouvoir entrer dans le royaume de Dieu. Redevenir comme un petit enfant et renaître revêt ici la même signification initiatique.

Sur le plan subtil, cette élévation de l’énergie vitale s’effectue à l’intérieur de l’individualité, le long de cet axe central qu’est le nadi shushuma. Lorsque la fluidité de l’énergie vitale est optimale et qu’il n’y a donc plus de blocages, d’ombres à transmuter, elle peut jaillir hors de l’individualité par le chakra sahasrara, situé au sommet du crâne, et ascensionner le long du rayon lumineux à travers les états supra-individuels. Nous comprenons par là que l’entrée dans le royaume de Dieu n’est possible qu’à la seule condition que l’âme (l’énergie vitale) soit totalement régénérée, purifiée. Cette réintégration de l’état primordial symbolisé par la prime enfance, est celui qui précéda la chute durant laquelle le potentiel vital de l’âme s’est figé, faisant sombrer l’individu dans l’occultation toujours plus forte de sa véritable nature.

Selon ce point de vue, nous comprenons bien que la conversion est bien davantage un changement d’état d’esprit, ou de regard, qu’une action qui consiste à convaincre autrui de changer de confession. Si le choix d’une religion doit être laissé à chacun en fonction de sa sensibilité, il est donc erroné de faire croire qu’il n’y en a qu’une seule qui détienne la Vérité et qui soit, à ce titre, la seule et unique voie possible pour trouver Dieu. Les grands Maîtres qui ont appelé à la conversion ne pouvaient d’ailleurs pas parler au nom des religions puisque celles-ci n’existaient pas encore au moment où ils ont délivré leur message. C’est ce message, qui a pu revêtir des formes diverses selon les époques et les contextes socio-culturels dans lesquels il fut délivré, dont les hommes se sont inspirés pour faire des religions. Or, si ce message était parfois différent dans la forme, ses fondements ont toujours été communs. Un changement de confession ne sert strictement à rien si il ne permet pas de reconnaître ce message fondamental commun à tous les grands Maîtres.

aucoeurduvivant illusion elan sarroSe convertir à une religion ne garantit pas de pouvoir vivre cette conversion intérieure, et nous avons déjà pu constater que certains pensent être sur le droit chemin sous prétexte d’avoir trouvé la Vérité dans une religion ou une autre, alors qu’ils continuent pourtant de « manquer la cible » du fait que leur positionnement intérieur n’est toujours pas le bon. En continuant de se focaliser sur des choses toutes extérieures, périphériques et superficielles (puisque mentales), leur âme continue d’être privée de lumière, étouffée, meurtrie (ce qui se reflète forcément sur le corps, tout bloqué). Ils sont convertis à un ensemble de croyances, mais ils n’ont pas encore réalisé leur conversion intérieure ! Et se croyant convertis, ils se persuadent qu’ils sont dans le juste, mais se condamnent à continuer d'errer le long des dédales labyrinthiques de leurs propres illusions. Dans une inversion caractéristique de l’esprit de division, ils se croient sauvés, alors qu’ils sont encore et toujours sur la voie profane de l'errance. Dit autrement, ils confondent le doigt pointé vers le Soleil, avec le Soleil lui-même.

On ne dira point: Il est ici, ou: Il est là. Car voici, le royaume de Dieu est au milieu de vous.[1] » (Jean 17:21)

Selon notre interprétation, le royaume de Dieu est la Lumière de l’esprit, et c’est cet invariable milieu qui est l’axe vertical sur lequel nous pouvons à chaque instant nous aligner pour faire l’expérience de l’unité à l’intérieur de soi, unité par laquelle notre âme peut renaître et s’élever. Cette Lumière est universelle[2], et l’ouverture qui permet de la laisser pénétrer en soi-même l’est également. Nul n'est besoin de suivre une religion plutôt qu'une autre pour vivre cette renaissance intérieure, car chacune d'elle nous enseigne la manière de vivre cette ouverture, cette « soumission à la Volonté divine », par laquelle nous nous abandonnons à la réalité dont nos sens nous permettent de faire l’expérience, par notre focalisation sur la vérité du vivant qui s’exprime en soi-même, en l’instant présent.

 



[1] Cette parole de l’Évangile peut être interprétée de deux manières. Premièrement, géographiquement, dans l’idée que le royaume de Dieu est en la personne de Jésus-Christ, qui était « au milieu » de ses disciples au moment où il prononça cette parole. Deuxièmement, nous pouvons comprendre que le royaume de Dieu est dans notre cœur, en notre centre intérieur, dans la mesure où le Christ, en tant que Principe vital (le vivant) est également en nous et que le royaume de Dieu est en lui (« moi en eux, et Toi en moi » Jean 17:23). A notre avis, la première interprétation est valable, à condition de la considérer comme un symbole de la seconde.

[2] Nous disons que cette Lumière est « universelle », car toutes les grandes traditions y font référence. Que l’on parle du Saint-Esprit, de la Lumière primordiale (En-Nur), de la Buddhi ou du Pneuma, il s’agit selon nous de la même Lumière spirituelle.

 

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C'est en faisant le bien que l'on détruit le mal, et non en luttant contre lui. C'est en cultivant l'amour que l'on détruit la haine, et non en l'affrontant. C'est en faisant croître la lumière que l'on triomphe de l'obscurité, et non en lui livrant combat.

Charif Barzouk,

philosophe berbère de tradition orale,

de la première moitié du 20e siècle.