Le réveil de la Kundalini

A l’extrémité inférieure de la colonne vertébrale de chaque être humain sommeille l’énergie féminine, dans un état de passivité absolue, précédant toute manifestation. Il s’agit d’un aspect de la Shakti, l’énergie d’amour matricielle qui porte en elle l’intégralité des possibilités qu’un être est amené à manifester durant sa vie. Elle est l’énergie à l’origine de toute création. Elle est le potentiel de vitalité au service de l’Esprit (la Conscience), qui grâce à elle peut manifester sa volonté en tant que forme créée. De par la passivité absolue qui la caractérise, cette énergie de création est assimilée à un feu obscur, non-éclairant, ténébreux. Ce n’est que lorsqu’il est attisé[1] par l’Esprit (ou Souffle divin) que ce feu cosmique peut jaillir, naître à la « vie », devenant ainsi éclairant, lumineux, sans toutefois que sa passivité principielle n’en soit affectée d’aucune manière.

Cette énergie primordiale de création non-manifestée, est située au niveau du chakra racine (mûlâdhâra), à la pointe du sacrum[2]. La tradition hindoue l’appelle la Kundalini. C’est un mot sanskrit dérivé de Kundali, qui signifie « enroulé ». Cette énergie de création assoupie, est en effet enroulée à la manière d’un anneau ou d’une spirale, sur elle-même, trois fois et demi, selon cette même tradition.

 

L'union des deux princpes complémentaires

Pour se manifester en tant qu’énergie vitale, la Kundalini a besoin d’être mise en mouvement par le principe masculin, le Souffle divin, et plus particulièrement sa manifestation subtile dans le domaine de l’individualité, qui est le « souffle vital » (prâna) capté par la respiration. A chaque inspiration naturelle et profonde (et si possible CONSCIENTE), la Kundalini, de nature féminine-magnétique, est pénétrée, « excitée », « attisée » par le souffle vital, de nature masculine-électrique, et de cette union naît l’énergie vitale, qui s'élève verticalement à l'intérieur et autour de la colonne vertébrale. C’est ainsi que les deux principes complémentaires « font l’amour ensemble ». Cette force d'amour déployée est la résultante du mariage alchimique entre le masculin, le Ciel, et le féminin, la Terre. Cette énergie vitale porte en elle les polarités de ses « géniteurs ». Elle a en effet une polarité électrique-yang, et une polarité magnétique-yin, ce qui la rend parfaitement androgyne. 

aucoeurduvivant caducee chakras elan sarroLorsqu'il est intégral, ce mouvement ascensionnel de l'énergie vitale se fait au travers de la nâdî sushumnâ, à l'intérieur de laquelle se trouve également les principaux centres d'énergie du corps - les fameux chakras -, qui s'ouvrent à son passage à leur niveau. Cet éveil intégral de la Kundalini en tant qu’énergie vitale est symbolisée par le caducée d’Hermès, qui représente deux serpents entrelacés autour d’un bâton (voir illustration ci-contre). Les serpents y symbolisent les nâdî idâ et pingalâ, acheminant le « souffle vital » (prâna), dans sa double polarité, yin et yang[3] jusqu'à la base de la colonne vertébrale où se trouve endormie la Kundalini, au niveau du chakra racine (mulâdhârâ). Quant au bâton, il représente la nâdî sushumnâ, l'axe central par rapport aux deux autres et qui est, de par sa double polarité, parfaitement neutre, androgyne. 

Dans le récit de la Genèse, il est dit que «  l’Esprit divin était porté sur la face des Eaux » (Genèse 1-2). L’Esprit est le Principe masculin, le Souffle divin. Quant aux Eaux, elles symbolisent le Principe féminin, à l’état de chaos primordial, c’est-à-dire dans son état de passivité originelle précédant toute création. Sur le plan du microcosme inhérent à l'individualité, c’est à partir de la substance féminine endormie, la Kundalini enroulée sur elle-même, « chaotique », que le Principe masculin va créer l’ordre, l'harmonie et l'équilibre, c’est-à-dire l’énergie vitale en libre circulation. Sans cette mise en forme effectuée par le Principe pneumatique, aucune manifestation de l’énergie vitale à partir du chaos ne serait possible. Autrement dit, sans l’action (non-agissante) du Souffle, l’énergie féminine demeure non-manifestée, à l’état de matière chaotique, indifférenciée. Cette union des deux Principes divins complémentaires est décrite superbement et d'une manière analogue, par Omraam Mikhaël Aïvanhov, dans son ouvrage intitulé « La pierre philosophale » (Éditions Prosveta, p. 190) : « Qu'il soit homme ou femme, chacun possède en lui cette matière symbolisée par l'eau qu'on appelle l'âme et qui a la faculté de s'élever jusqu'aux plus hautes régions du monde spirituel. C'est alors que l'esprit universel, en passant, l'effleure de son souffle, et l'opération alchimique de transmutation des métaux vils en or peut commencer. Évidemment, l'eau qui s'élève dans l'atmosphère ne le fait pas par ses propres moyens. C'est le soleil qui, en la transformant en vapeur, l'attire vers le haut. Mais nous qui sommes à la fois matière et esprit, il nous est donné par la puissance de l'esprit, notre soleil, de faire monter notre eau, notre matière psychique. »

L’énergie féminine-passive d’amour matriciel, a besoin de la force agissante du Souffle divin pour produire la mise en mouvement de son potentiel, en tant qu’amour-force. Sans l’union des deux polarités complémentaires, rien ne peut être créé. »

 

Élever le serpent et créer la vie

Cette genèse de la création sur le plan cosmogonique peut être transposée sur le plan individuel, où la création n’est autre que l’énergie vitale. Il est d’ailleurs intéressant de faire remarquer que le mouvement rythmique de l’inspire et de l’expire de la respiration, qui permet au souffle vital de descendre le long de la colonne vertébrale (plus précisément le long des nâdîs idâ et pingalâ) pour atteindre Kundalini, se retrouve dans l’expression « était porté » du passage de la Genèse cité plus haut. C’est la traduction du verbe hébreu ferebatur, qui exprime en effet l’idée d’un mouvement de va-et-vient[4], d’un battement d’aile[5]. Lorsque le Souffle pénètre ainsi l’énergie féminine endormie, il la « réveille » et la met en mouvement (à son image), et ce mouvement se manifeste par une onde de forme, une vibration, comme les ondulations produites par le vent à la surface d’un plan d’eau. À cette production de l’énergie vitale en tant qu’onde vibratoire, il est également fait référence dans la Bible, dans Job 26:10 : « Il (l’Esprit) a tracé un cercle à la surface des eaux, aux confins de la lumière et des ténèbres ». Porté sur la face des eaux, l’Esprit, le Souffle divin, y émet une onde, l’énergie vitale, créée à son image. Cette ondulation qui se déploie, est symbolisée par le serpent en mouvement, sorti de son sommeil durant lequel il était enroulé sur lui-même.

Nous retrouvons là le symbolisme du réveil de la Kundalini. Cette énergie vitale qui s’élève à partir du « chaos » est donc l’amour en mouvement, l’élan de vie qui monte par la colonne vertébrale de l’individu pour se manifester en tant que création, au travers de pensées, d’émotions, d’actions, de paroles, de gestes, qui sont autant de vecteurs par lesquels l’Esprit peut se refléter dans le monde (c’est ainsi que le Verbe se fait chair). Lorsque l’individu est ainsi inspiré par le Souffle divin, il est aligné sur le mouvement même de la vie en lui-même ; il est « éveillé », c’est-à-dire connecté à sa véritable nature, son âme vivante, son Christ intérieur. Sa conscience individuelle (ego) est identifiée à cet élan de vie, et il est en unité avec son âme. Dans ce mouvement créateur, il est parfait comme le Père est parfait. En tant qu’amour en mouvement, il est en unité avec le Christ en lui.

Établir une telle relation entre le Christ et l’énergie vitale s’élevant au travers de la colonne vertébrale, peut paraître surprenant au premier abord, car on connaît plutôt le serpent dans son symbolisme négatif, en tant que l’adversaire, le tentateur, le diable. Mais il y a là un double symbolisme, où le serpent revêt un aspect positif. D’ailleurs, Jésus-Christ lui-même se comparait à un serpent dans le Nouveau Testament : « Et comme Moïse éleva le serpent dans le désert, il faut de même que le Fils de l'homme soit élevé » (Jean 3:14). Cela est très clairement écrit : il faut que le Christ soit élevé comme le fut le serpent, par Moïse dans le désert. Le serpent de Moïse fut élevé grâce à sa perche. Être élevé comme un serpent signifie, dans ce contexte, l’« élévation » en suivant un axe vertical, représenté par la nâdî sushumnâ, en ce qui concerne l'anatomie subtile de l'être humain. Nous voyons-là une parfaite analogie entre la perche de Moïse et le bâton d’Hermès.

Cette vision des choses peut créer la polémique chez les personnes qui méconnaissent le double symbolisme du serpent et qui l’associent par ignorance exclusivement à quelque chose de maléfique. Ces personnes-là nous accuseront évidemment de blasphème lorsque nous identifions le Christ à ce Principe vital éveillé lors du déroulement de la Kundalini. Mais comble de l'inversion, en considérant le serpent comme exclusivement maléfique, ces personnes-là se font elles-mêmes l’auteur d’un blasphème contre le Fils de l’Homme puisque ce dernier s’est lui-même identifié au serpent d'airain élevé par Moïse (cf. passage cité au paragraphe précédant). Toujours est-il que, s’il est évident que le serpent peut être un symbole du Diable puisque ce dernier se présente sous cette forme dans la Genèse, le serpent possède également des attributs positifs, sinon Jésus-Christ lui-même ne s’identifierait pas à lui dans l’analogie avec le serpent d’airain élevé par Moïse dans le désert, et ne nous inviterait pas non plus à être « prudents comme les serpents » (Matthieu 10:16). Identifier la Kundalini éveillée au serpent diabolique de la Genèse, c’est donc commettre une erreur d’interprétation et se faire l'auteur d'un blasphème contre le Christ. Dans l’esprit d’inversion qui le caractérise, le Diable cherche justement à induire les gens en erreur sur la nature du symbole, car le symbole est étymologiquement le contraire du Diable (voir définitions de symbolos et diabolos, en grec ancien). La fonction du symbole étant de réunir ce que le Diable a désunit, séparé et divisé, on comprend dès lors aisément que ce dernier cherche à pervertir et à détourner le sens du symbole pour le corrompre et empêcher toute possibilité de réunification grâce à lui.  

Cela étant dit, il est juste de considérer l’éveil de la Kundalini comme quelque chose de dangereux et de mauvais, lorsqu’il est recherché comme une fin en soi pour acquérir des « pouvoir occultes », pour satisfaire des intérêts personnels égoïstes ou pour toute autre mauvaise raison. Ces dérives très graves que l’on rencontre à ce niveau dans l’occultisme et les pratiques ésotériques perverties, constitue un péché, une rébellion contre Dieu. Par contre, lorsque cet éveil se fait naturellement en conséquence d’un dépouillement intérieur et d’un esprit noble et charitable qui s’efforce de vivre dans la paix, l’amour, la joie, la justice, la bienveillance et le pardon, alors il est tout à fait bénéfique, car il déploie une force de guérison dont l’âme et le corps peuvent bénéficier, et c’est en cela que nous associaions cette « médecine intérieure » à celle de Christ en tant que Principe vital, sans toutefois le limiter à ce seul aspect, conscients que nous sommes que le Christ est bien plus que cela encore. Mais lorsque le Christ nous apporte guérison et rédemption (libération des conséquences de nos péchés), c’est aussi sous cette forme-là qu’il nous sauve, par voie interne, si nous pouvons dire. C’est comme pour le serpent en somme : le venin injecté par sa morsure peut tuer, mais en dose appropriée, ce même venin peut guérir ! D’où le double symbolisme du serpent.... [voir à ce titre l'article de notre blog : La Kundalini et le double symbolisme du serpent]

Il ne suffit pas de « croire » en Christ pour être sauvé, car il faut que notre foi soit agissante, c’est-à-dire que nous fassions nous-mêmes les efforts pour être « parfaits comme le Père est parfait » (Matthieu 5:48), ce qui implique le dépouillement intérieur et le mûrissement du « fruit de l’Esprit » (Galates 5:22) dans nos pensées et dans nos actes. Or aujourd’hui, beaucoup de croyants se prétendent « sauvés » sous le seul motif qu’ils se placent en Christ, tout en continuant à se comporter très mal au quotidien, avec la division, la moquerie, la hargne, l’orgueil, la condescendance, l’avidité et l’égoïsme dans le cœur...! Cela est notamment dû au fait qu'ils se bornent à une lecture littérale des Évangiles, oubliant que « la lettre tue, mais l’Esprit vivifie » (2 Corinthiens 3:6).

 

L'épanouissement de la fleur

Le réveil de la Kundalini, en tant que ce déploiement d’énergie vitale, est symbolisé par l’épanouissement d’une fleur (ou le mûrissement d'un fruit). En orient, les centres d’énergies, appelés chakras, sont représentés par la fleur de lotus. Pour que cette fleur puisse s’ouvrir pleinement, l’énergie vitale doit pouvoir y circuler harmonieusement, sans blocage. Or, chez l’individu qui est encore « endormi » spirituellement, c’est-à-dire non-(r)éveillé à sa véritable nature, les chakras ne sont pas ouverts complètement. Chez cet individu-là, le potentiel d'amour, que les hermétistes chrétiens assimilaient au Christ (en tant que Principe donc), n’est présent que potentiellement, à l’état de « germe » incréé, en « gestation » au cœur de la Kundalini qui est comme enroulée autour de lui. A ce stade-là, l’individu est encore « égaré » dans la phase que les mystiques chrétiens nomment la « nuit noire de l’âme », qui marque symboliquement un éloignement du centre de son être. C'est une phase d’obscurantisme, où le potentiel d'amour de l'âme ne peut se révéler pleinement, car il est privé de la Lumière de la Conscience. Cette phase correspond à l’œuvre au noir alchimique, celle de la putréfaction.

Ce germe spirituel incréé est la « pierre cachée » à laquelle il est fait référence dans la célèbre formule hermétique V.I.T.R.I.O.L., qui est l’acronyme de Visita Interiora Terrae Rectificandoque Invenies Occultum Lapidem, pouvant être traduit par « Visite l'Intérieur de la Terre, et en Rectifiant tu Trouveras la Pierre Cachée ». Visiter l’intérieur de la terre, c’est pénétrer au cœur du féminin, de l’obscurité, pour y découvrir, grâce à la Lumière de la Conscience (le Souffle), la pierre cachée, symbole du Christ-Principe. Ainsi révélé, le Christ renaît, alimenté par l’énergie féminine et élevé par le Souffle. La Kundalini s'éveille et en même temps, le processus de régénération de l’individualité est enclenché. C’est une phase de redressement, de retournement vers le centre, après la longue phase de chute et d’éloignement vers la périphérie. 

 

Une descente en soi-même pour une montée harmonieuse de l'énergie vitale

Toutefois, avant de pouvoir entamer ce processus graduel et progressif de régénération, de purification et d'illumination intérieure, l’individu doit vivre une mort initiatique, une « descente aux enfers » durant laquelle il doit accepter de plonger dans ses entrailles, à l’« intérieur de la terre », là où l’énergie vitale stagnante s’est « putréfiée », pour y faire toute la lumière, et par l’action (non-agissante) de cette « prise de conscience », remettre en mouvement le potentiel de lumière qui est y était maintenu bloqué. Cette libération est une révélation, un dévoilement, dans la mesure où l’énergie vitale bloquée, retrouve son mouvement ascendant par l’abandon de tous les voiles qui la maintenaient dans l’ombre, séparée de la source de la lumière.

Ces voiles dont l’individu doit se libérer sont l’ensemble des structures égotiques auxquelles il s’identifie et qui l’empêchent d’être pleinement lui-même. Cette libération est plus simple qu’il n’y paraît, puisqu’il suffit de « prendre conscience », avec bienveillance, amour inconditionnel, de ce qui est « vivant » en soi-même, au travers des sensations corporelles dans le corps. Lorsque la Conscience accorde ainsi sa Présence aimante à la vibration qui apparaît dans le corps, elle agit à la manière d’une épée lumineuse qui tranche le voile de l’identification à ces schémas égotiques, et qui peut ainsi éclairer le « vivant » qui était jusque-là occulté par ce voile. A nouveau exposé à la Lumière de la Conscience, l’élan de vie figé peut se déployer à nouveau et rétablir l'harmonie, l'ordre et l'équilibre, tant sur le plan physique que psychique. C’est ainsi que s’effectue le processus alchimique de la transmutation de l’ombre en lumière.

Ressentir, sans l’interférence du mental, établi un pont entre l’Esprit, masculin, et le corps, féminin, qui redonne vie à l’énergie vitale. En revanche, lorsque l’ego s’interpose entre l’Esprit et le corps, l’énergie vitale est privée de la force agissante de la lumière, et alors elle se fige : c’est ainsi qu’apparaît la disharmonie, la souffrance. Ce qui permet le réveil naturel et harmonieux de la Kundalini est donc simplement le lâcher-prise, l’abandon total à ce qui se manifeste en soi-même, en l’instant présent. Cet abandon est une ouverture à la lumière, au souffle »

 

L'ouverture à la Lumière du Soi

A chaque instant, la Lumière du Soi cherche à s’unir au corps, afin de produire de l’énergie vitale. Or, si l’ego s’interpose, l’énergie vitale est privée de la force harmonisatrice et ordonnatrice de la Lumière, et elle devient disharmonie, souffrance. La sensation désagréable qui en résulte est un signal d’alarme, qui indique à l’être qu’il est en train de se déporter hors de la Voie du Milieu, qu’il « manque la cible ».

Bien qu’étouffée derrière les voiles d’occultation de l’ego, l’énergie vitale aspire à retrouver son mouvement, elle ne cessera donc jamais d’attirer l’attention sur elle. Si l’individu accepte de regarder en face ce qu’il préférait ignorer jusqu’alors, le processus de transmutation peut s’enclencher, en vue d’une libération, d’une guérison. En acceptant de lâcher prise, c’est-à-dire de ressentir totalement ce qui se passe en lui-même, l’identification au voile égotique génératrice de peur est rompue, et un relâchement s’opère dans le corps. Cette détente améliore l’amplitude respiratoire du diaphragme, permettant ainsi de faire « descendre » davantage de souffle vital dans le corps, dont ce dernier a besoin pour que l’énergie vitale bloquée puisse y retrouver son mouvement. C’est ainsi que la simple présence attentive au corps, et en particulier à ce qui s’y manifeste, est une puissante manière de renaître à soi-même.

 

Re-devenir comme un petit enfant

Il est question d’une renaissance, car effectivement, jusque-là, l’individu était comme mort spirituellement. A la naissance de son individualité, et durant les premières années de l’enfance, il était l’incarnation pleine et entière de son âme, en unité avec le Christ en lui. L’énergie vitale pouvait librement s’écouler à travers lui ; il était aligné sur le mouvement même de la vie, comme nous l’avons dit plus haut. Puis, progressivement, les voiles de l’ego se sont formés et ont commencé à s’opposer à la libre expression des l’élans de vie de son âme, qui se sont figés, bloqués.

Dans ce processus de la Présence aimante, le réveil de la Kundalini se fait de manière harmonieuse, car aucun contrôle n’est effectué sur la respiration. Le voile étant levé progressivement, il n’y aucun risque de provoquer un réveil brutal de la Kundalini, dont les conséquences peuvent être catastrophiques[6]. Par le regard bienveillant posé sur tout ce qui sollicite l’attention de la conscience, ce risque peut être évité, car l'apport de souffle vital sera toujours adapté aux capacités d’accueil du corps et de la psyché. Au fur et à mesure que les voiles d’occultation seront tranchés, davantage de souffle pourra être absorbé par la respiration devenue plus profonde, permettant alors tout naturellement à l’énergie vitale de s’écouler plus librement le long des nâdîs. Le processus d’illumination intérieure se poursuivra tant et aussi longtemps qu’il restera des ombres bloquées dans le corps, et il s’achèvera lorsque l’être aura totalement régénéré son âme et qu’il pourra ainsi pleinement l’incarner. A ce moment-là, ses six premiers chakras seront pleinement ouverts, et l’être aura réintégré l’état primordial, manifestant sa véritable nature sur tous les plans.

 

La voie mystique de la présence

Comme nous l’avons dit dans un précédent article, le processus de la Présence n’a rien à avoir avec l’expérience de la Non-dualité. La Présence implique un sujet (ce qui perçoit) et un objet (ce qui est perçu), et donc une dualité. Il s’agit d’une voie mystique, fondée sur l’amour du « vivant », l’amour du Christ en soi-même. C’est une voie passive, par l’état d’ouverture à la Lumière spirituelle, à laquelle l’être se soumet totalement (d’où l’idée d’abandon, de lâcher-prise), dans un acte de foi en son Intelligence suprême. L’achèvement de cette voie mystique coïncide avec l’accomplissement de l’état de perfection individuel, mais qui n’est encore que relatif et conditionné par rapport aux états supra-individuels, vers lesquels l’être devra s’élever s’il entend pouvoir connaître la Réalité suprême et absolue de manière directe, et non plus au travers de son reflet dans le monde. En effet, l’être ayant réintégré l’état primordial propre à la pureté de l’enfance, ne connaît pas encore le Royaume de Dieu (c'est-à-dire son Soi, son Moi profond), mais il est toutefois parvenu au terme de l’étape préparatoire indispensable, sans laquelle il est impossible d’y entrer[7].

En principe, quand on évoque le réveil de la Kundalini, on s’imagine cette expérience mystique de montée soudaine et irréversible de l’énergie vitale jusqu’au troisième œil. Dans cet article, nous souhaitions démontrer qu’il y a une autre manière de réveiller la Kundalini, qui n’expose à aucun danger. Comme nous l’avons dit, considérer le réveil de la Kundalini comme une expérience mystique, et la rechercher comme un but en soi, peut exposer à de graves conséquences. En revanche, lorsqu’elle se déploie progressivement au fur et à mesure du dévoilement opéré par l’individu qui s’éveille à sa véritable nature, elle est sans risque. La montée sera moins directe, mais néanmoins effective. Le réveil de la Kundalini n’est pas tributaire de pratiques spécifiques telles que le Kundalini-Yoga[8], le Hatha-Yoga ou le Prânâyâma. Il peut avoir lieu à chaque instant, graduellement, de manière totalement naturelle et harmonieuse, lorsque nous nous abandonnons à ce qui est présent en soi-même, dans le bon positionnement intérieur.



[1] C’est le symbolisme de la braise qui, lorsqu’elle est ravivée par le souffle, s’illumine.

[2] La pointe du sacrum a la forme d’un triangle inversé. Or, cette forme géométrique est un symbole couramment utilisé dans les différentes traditions pour représenter le Féminin sacré.

[3] Le souffle vital (prâna) étant la manifestation subtile du Souffle divin, il appartient au domaine de la forme, et est par conséquent doté d'une double polarité (comme toute chose manifestée).

[4] Nous pouvons y faire correspondre également le mouvement de va-et-vient du phallus durant le coït.

[5] Cela nous permet de comprendre pourquoi des ailes blanches sont associées au bâton d’Hermès, et pourquoi la colombe est le symbole du Souffle divin (Saint-Esprit).

[6] Les personnes qui ont fait un séjour en asile psychiatrique suite à des expériences de réveil forcé de la Kundalini ne sont pas rares. Lors d’une montée brutale dans un corps non préparé, ce feu jaillissant peut tout « brûler » sur son passage, et les déséquilibres causés peuvent nécessiter de nombreuses années avant de s’atténuer.

[7] « Je vous le dis en vérité, quiconque ne recevra pas le Royaume de Dieu comme un petit enfant n'y entrera point. » (Luc 18:17)

[8] L'appelation "Kundalini-Yoga" est à notre sens inappropriée, car tous les formes de Yoga (pour autant qu'elles soient traditionnelles) servent bien évidemment à éveiller l'énergie vitale en vue de la réalisation de l'individualité (réintégration de l'état primordial), dans un premier temps, puis sa transcendance (réintégration du Soi), dans un deuxième temps.

 

En complément à cet article, sur notre blog

La Kundalini et le double symbolisme du serpent

aucoeurdupresent adam et eveLe serpent possède un double symbolisme, l'un positif et l'autre négatif, tout comme le corbeau, le dragon, le lion et le renard, pour ne citer que ces exemples. Le serpent de la Genèse, représentant Satan, n'est évidemment pas le même que celui auquel le Christ lui-même fait référence et s'identifie lorsqu'il dit : « comme Moïse éleva le serpent dans le désert, il faut de même que le Fils de l'homme soit élevé » (Jean 3:14). Aussi, le Christ nous invite à être « prudents comme les serpents » (Matthieu 10:16), ce qui confirme également l'aspect positif ainsi que les qualités du serpent. [Lire la suite]

 

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Citation inspirante

C'est en faisant le bien que l'on détruit le mal, et non en luttant contre lui. C'est en cultivant l'amour que l'on détruit la haine, et non en l'affrontant. C'est en faisant croître la lumière que l'on triomphe de l'obscurité, et non en lui livrant combat.

Charif Barzouk,

philosophe berbère de tradition orale,

de la première moitié du 20e siècle.